Les maires des 22 plus grandes villes du Canada pressent Ottawa de suspendre sa réforme de la livraison du courrier, le temps que Postes Canada consulte le monde municipal.

Les élus, qui représentent environ 65% de la population du Canada, ont adopté cette résolution de crainte que la fin de la livraison de la poste à domicile leur cause une série de problèmes.

Ils craignent que la multiplication de boîtes communautaires n'entraîne des problèmes de déneigement, de graffitis et de pollution, car les circulaires pourraient se retrouver en grand nombre près de ces grosses boîtes postales.

Le maire de Montréal, Denis Coderre, a d'ailleurs évoqué la possibilité que les villes soient compensées par le fédéral pour les inconvénients que la réforme leur fera subir.

« On nous a donné l'impression au début que c'était juste une question montréalaise, ou une question plus du Québec, a dit M. Coderre. Mais on se rend compte que, quand on va dans l'Atlantique, quand on va dans le reste du pays, ils comprennent (...) que les gens ont besoin d'avoir leur courrier. »

Le président du caucus des grandes villes, le maire de Vancouver Gregor Robertson, estime qu'un changement au mode de livraison de la poste est inévitable en raison de l'essor du courrier électronique. Mais il note que toutes les villes subiront, d'une façon ou d'une autre, les contrecoups du changement de cap de Postes Canada. Et aucune n'a été consultée avant l'annonce du gouvernement fédéral, juste avant Noël.

« La principale préoccupation est que les grandes villes n'ont pas été consultées, pas plus que les communautés de toutes les tailles », a déploré M. Robertson.

Le maire de Toronto, Rob Ford, s'est rangé derrière ses collègues.

« Je suis prêt à affronter le gouvernement fédéral, a-t-il déclaré. Je veux vraiment maintenir la livraison à domicile. »

Raitt défend la réforme

Le gouvernement Harper a appuyé sans réserve la décision de Postes Canada au motif que les Canadiens utilisent de moins en moins la poste. La ministre des Transports, Lisa Raitt, a martelé hier que la société d'État pourrait perdre jusqu'à un milliard par année si elle maintient son modèle d'affaires actuel.

« Je comprends ce que disent les maires des grandes villes, mais la réalité est que je viens d'un endroit où, depuis 25 ans, les gens reçoivent leur courrier dans des boîtes communautaires, a-t-elle dit. C'est le cas du deux tiers des Canadiens. »