Une manifestation contre les sables bitumineux à Vancouver a semblé reléguer dans l'ombre des rassemblements semblables tenus dans d'autres régions du pays, samedi, alors que des centaines de citoyens ont dansé au son des tambours des Premières Nations dans une atmosphère teintée de critiques à peine voilées.

Selon le groupe de coordination «Défendons notre climat», des manifestations ont eu lieu dans environ 130 villes et municipalités afin d'envoyer un message limpide contre l'expansion des sables bitumineux et les projets d'oléoduc qui les accompagnent.

Le rassemblement le plus imposant semblait s'être tenu à Vancouver, où une grande manifestation contre le projet d'oléoduc Northern Gateway de l'entreprise Enbridge, établie à Calgary, a attiré des dizaines de groupes environnementaux, des Premières Nations et de familles qui s'opposent aux pétroliers qui pourraient causer un risque de déversement de pétrole.

L'oléoduc, long de 1200 kilomètres, permettrait de transporter 550 000 barils de pétrole lourd de l'Alberta vers un port de Kitimat, sur la côte septentrionale de la Colombie-Britannique, afin d'être ensuite envoyés vers de lucratifs marchés de l'Asie.

Au Québec, des manifestations se sont tenues à Témiscouata-sur-le-Lac, Rivière-du-Loup, Québec et Oka. La communauté mohawk de Kanesatake avait convié les citoyens à se rassembler au Parc national d'Oka pour manifester leur opposition au projet d'inversion du pipeline d'Enbridge, qui passe sur son territoire.

Le député de Québec solidaire, Amir Khadir, ainsi que le porte-parole du parti, Andrés Fontecilla, se sont rendus sur place pour dénoncer le projet qui, selon leurs dires, comporte d'énormes dangers pour l'environnement.

Selon le parti, Enbridge est responsable de 804 déversements qui ont répandu 25,7 millions de litres d'hydrocarbure dans la nature entre 1999 et 2010.

«Nous sommes solidaires avec les Mohawks. Nous croyons, comme eux, que nos rivières, notre territoire valent mieux que d'accepter d'être simplement les porteurs d'eau, en quelque sorte, du pétrole sale de l'Alberta», a tranché M. Khadir.

Québec solidaire a demandé au gouvernement Marois de revoir le mandat de la commission parlementaire qui se penchera sur l'inversion du pipeline d'Enbridge.

«On veut un élargissement du mandat de cette commission parlementaire pour qu'elle aborde franchement les enjeux environnementaux», a tonné M. Fontecilla.

«On attend du gouvernement souverainiste du Parti québécois autre chose que d'agir comme complice de l'industrie pétrolière et du gouvernement Harper», a-t-il ajouté.

Le porte-parole de Greenpeace, Patrick Bonin, est également sévère envers le gouvernement de Pauline Marois qu'il juge trop «conciliant» envers l'industrie pétrolière.

«On ne peut pas ouvrir la porte comme ça à l'arrivée du pétrole le plus polluant au Québec qui présente des risques majeurs de déversement sans avoir de véritable évaluation environnementale par le Québec», rage-t-il.

Plusieurs dizaines d'écologistes avaient aussi pris rendez-vous à Toronto pour scander leur opposition à l'inversion du flux de l'oléoduc d'Enbridge.

L'une d'entre elles, Bruna Nota, a qualifié la mise en ressources des sables bitumineux est un choix «imprudent», ajoutant que l'environnement est menacé chaque fois que du pétrole est extrait ou transporté.

Plus tôt cette semaine, l'Institut Pembina et l'organisme Équiterre avaient dévoilé un nouveau rapport qui mentionne que la majorité des retombées économiques directes et indirectes de l'exploitation des sables bitumineux profitent uniquement à l'Alberta.