Le ministère fédéral des Transports a demandé à des experts d'une université ontarienne d'étudier la sécurité des passages à niveau, mais l'agence insiste sur le fait que cette demande n'a rien à voir avec la collision meurtrière survenue la semaine dernière à Ottawa entre un autobus urbain et un train de Via Rail.

Travaux publics et services gouvernementaux Canada a publié, lundi, un avis indiquant que le contrat a été octroyé à l'université de Waterloo, afin de poursuivre les recherches en cours sur le système d'évaluation de la sécurité des passages à niveau de Transports Canada.

Le 18 septembre, six personnes ont perdu la vie et 30 autres ont été blessées quand un autobus d'Ottawa a traversé la barrière de sécurité d'un passage à niveau et percuté la locomotive d'un train de Via Rail qui arrivait. Toutes les victimes se trouvaient à bord de l'autobus.

Une porte-parole de Transports Canada, Karine Martel, a précisé qu'il n'y avait aucun lien entre la collision et les recherches de l'université de Waterloo, qui ont commencé il y a 10 ans, selon elle.

«En fait, l'université de Waterloo a entrepris une recherche sur (...) un logiciel visant à cerner les passages à niveau névralgiques il y a plusieurs années. La demande de biens et de services afin d'améliorer ce système a été faite en février 2013», a-t-elle indiqué.

«Il n'existe aucun lien entre l'accident survenu à Ottawa la semaine dernière et la demande de contrat avec l'université de Waterloo.»

L'étude d'une durée de deux ans, qui coûtera 120 000 $, tentera de déterminer s'il existe de meilleures méthodes pour évaluer les dangers potentiels des passages à niveau.

L'examen portera également sur l'efficacité du logiciel GradeX, utilisé par les inspecteurs pour évaluer les risques à ces passages. Il tentera aussi d'identifier des façons d'y améliorer la sécurité.

Selon l'appel d'offres publié lundi, qui détaille l'étude à entreprendre, GradeX est «un outil d'aide à la prise de décision unique et personnalisé qui est mis à la disposition des inspecteurs de la sécurité ferroviaire pour évaluer les risques aux passages à niveau et cerner les stratégies économiques permettant d'améliorer la sécurité».

Les chercheurs se pencheront sur les données historiques concernant les collisions ferroviaires à des passages à niveau canadiens, enquêteront sur les façons d'empêcher de futurs accidents, et détermineront combien il en coûtera pour mettre en place les nouvelles mesures de sécurité.

«L'objectif ultime est de réduire les taux de blessures et de décès aux passages à niveau», souligne le document.

Le ministère a publié un Préavis d'adjudication de contrat (PAC) pour indiquer son intention d'attribuer le contrat à l'université de Waterloo parce qu'elle est «la seule équipe connue en Amérique du Nord qui possède les connaissances et l'expertise dans ce domaine d'études très spécialisé».

«L'équipe de recherche est composée de chercheurs nouveaux et reconnus qui possèdent une grande expertise dans les domaines de la sécurité routière et ferroviaire. Ils travaillent sur les enjeux liés aux passages à niveau rail-route depuis plus d'une décennie et ils se sont forgé une réputation au Canada et à l'échelle internationale», ajoute-t-on dans le PAC.

Un PAC permet à d'autres universités ou firmes croyant répondre aux critères de l'étude de déposer leur candidature pour obtenir le contrat. Elles ont jusqu'au 9 octobre pour s'inscrire.

Avant même que l'étude soit complétée, de nouvelles normes en matière de sécurité ferroviaire devraient être en place. Ces normes doivent être dévoilées «cette année», a dit la ministre des Transports, Lisa Raitt, le week-end dernier.

À Ottawa, l'enquête sur la collision de la semaine dernière se concentre désormais sur l'autobus.

Vendredi, des enquêteurs du Bureau de la sécurité des transports ont fait savoir que les barrières de sécurité, les lumières et les avertisseurs sonores au passage à niveau du sud-ouest de la capitale fonctionnaient normalement et avaient été activés 47 secondes avant l'impact.

L'équipage du train a également appliqué les freins d'urgence, mais seulement deux secondes avant l'accident. Les machinistes n'ont pas activé le sifflet du train, puisque cela est interdit en vertu d'un règlement municipal dans la zone.

Mme Raitt a semblé laisser quelques problèmes de sécurité entre les mains du secteur ferroviaire et des autres ordres de gouvernement, disant samedi que les nouvelles normes détailleraient la façon dont le privé et les municipalités ou les provinces détermineraient «le niveau adéquat de sécurité» aux passages à niveau.