Afin de défendre le projet de charte des valeurs, un nouveau mouvement pro-laïcité, qui rassemble une soixantaine de personnalités de divers horizons ainsi qu'une quinzaine d'organismes, vient d'être créé.

L'ex-juge de la Cour suprême Claire L'Heureux-Dubé, l'ancienne présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec Martine Desjardins, le sociologue Guy Rocher, le cinéaste Bernard Émond, les anciens ministres Louise Beaudoin et Paul Bégin, l'écrivain Jacques Godbout, les anciens syndicalistes Lorraine Pagé et Gérald Larose font notamment partie de cette nouvelle coalition. De nombreux professeurs d'université ainsi que plusieurs personnes issues de la communauté maghrébine, dont l'humoriste Nabila Ben Youssef, figurent aussi au nombre des signataires.

«C'est un rassemblement non partisan, multiethnique et intergénérationnel. On ne pourra pas dire que nous sommes des dinosaures des années 50», lance Daniel Baril, lui-même militant de longue date pour la laïcité.

Démarche historique

Leur déclaration commune indique que le Québec doit poursuivre sa démarche historique de laïcisation. «Cette charte n'est pas faite pour aujourd'hui, elle est faite pour le XXIe siècle au complet. C'est une charte pour l'avenir», croit le sociologue Guy Rocher.

Les signataires enjoignent cependant le gouvernement à décrocher le crucifix de l'enceinte de l'Assemblée nationale. Ils réclament également que le droit de retrait dévolu à certains organismes publics soit remplacé dans le projet de loi par une période de transition. «Le droit de retrait pourrait mener à une laïcité à géométrie variable», estime M. Baril.

Le voile

Certains signataires ont eu des mots très durs à l'endroit du voile islamique, l'un des signes religieux que la Charte proscrirait pour les employés de la fonction publique. «Pour nous, les Québécoises qui sommes venues de pays où, si on ne porte pas le voile, les femmes peuvent se faire égorger ou brûler à l'acide, le voile islamique n'est pas un simple bout de tissu. Il est taché de sang», dit Leila Bensalem, originaire de l'Algérie, qui enseigne à l'école Saint-Luc depuis plus de 20 ans. Selon elle, les enseignants sont quotidiennement confrontés à de multiples demandes d'accommodements dans les écoles.