Le premier ministre Stephen Harper dit examiner « avec attention » une proposition des chefs de police canadiens qui prônent une forme de décriminalisation de la marijuana au Canada.

Cette proposition, mise de l'avant il y a quelques semaines, suggère de remplacer la criminalisation de certaines formes de possession de cannabis par une simple infraction pénale assortie d'une amende. 

En point de presse à Toronto jeudi, le premier ministre Harper a déclaré : « Je ne crois pas que les chefs de police canadiens proposent ces options parce qu'ils n'ont pas confiance en nos lois. Au contraire. Ils croient que cette option est une meilleure approche en terme d'application de la loi ». 

« Le gouvernement examine certainement leur proposition avec attention », a-t-il indiqué. 

Attaque contre Trudeau 

Le premier ministre a néanmoins accusé Justin Trudeau de manquer de jugement dans ce dossier, en lien avec ses sorties des dernières semaines. Le chef du Parti libéral du Canada s'est prononcé en faveur de la légalisation de cette substance et il a admis en avoir fumé à une reprise depuis son élection comme député, en 2008. 

« Les actions de M. Trudeau démontrent son mauvais jugement, a lancé M. Harper. Je regarde le contraste entre [sa] promotion de l'usage de la marijuana par nos enfants, et le fait qu'hier, il a dit qu'il n'aurait pas de politiques économiques pendant plusieurs années... » 

« Notre priorité en tant que gouvernement n'est pas d'encourager la prolifération des drogues, c'est d'encourager la création d'emplois dans ce pays », a-t-il tranché. 

Le premier ministre a fait rire lorsqu'une journaliste lui a demandé s'il avait lui-même déjà fumé de la marijuana. 

« Est-ce que j'ai l'air de quelqu'un qui fume de la marijuana? » a-t-il lancé du tac au tac.

- On ne sait jamais! a répliqué la journaliste. 

- Je suis asthmatique depuis un très jeune âge, donc fumer quoi que ce soit est hors de question depuis que je suis tout petit, a finalement indiqué M. Harper. 

Charte des valeurs québécoises 

Invité à se prononcer sur le projet de Charte des valeurs québécoises du gouvernement Marois, par ailleurs, le premier ministre Harper a joué de prudence. 

« Je sais très bien que le gouvernement souverainiste cherche des chicanes avec Ottawa, a-t-il déclaré. Notre priorité est l'économie du Canada et l'économie de tous les Canadiens, y compris l'économie des Québécois. Nous ne cherchons pas des chicanes. » 

« Nous examinerons avec beaucoup d'attention cette proposition avec beaucoup d'attention, a-t-il ajouté. Et nous nous assurerons que les droits fondamentaux de tous les Canadiens soient protégés. » 

Il n'a pas précisé si son gouvernement irait jusqu'à combattre l'initiative devant les tribunaux.

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Le ministre Baird refuse d'alimenter la controverse

Prudent, le ministre des Affaires étrangères du Canada, John Baird, a quant à lui refusé jeudi d'alimenter la controverse au sujet de la future charte des valeurs québécoises du gouvernement péquiste.

Contrairement au chef libéral Justin Trudeau et au leader néo-démocrate Thomas Mulcair qui ont choisi de prendre une part active au débat, le ministre Baird a fait savoir qu'il n'avait pas l'intention de «participer aux chicanes» du gouvernement Marois sur le front des accommodements religieux.

De passage à Québec pour l'annonce d'une aide financière dans le domaine de l'emploi au nom du gouvernement conservateur, M. Baird a estimé qu'il n'était pas du ressort d'Ottawa d'intervenir dans le dossier. Il a rappelé qu'à l'époque où il était député de l'Assemblée législative de l'Ontario, il n'appréciait guère que des élus des autres provinces, y compris du Québec, s'immiscent dans les affaires ontariennes.

«Selon moi, ce n'est jamais une bonne idée pour un élu d'une autre province d'entrer (d'intervenir) dans la politique d'une autre province. Je suis un ancien élu de l'Ontario et on n'était pas très heureux lorsque des élus d'une autre province intervenaient dans nos politiques. On n'était pas toujours heureux quand des élus du Québec intervenaient dans le domaine de la politique ontarienne», a-t-il dit en point de presse.

Tout au plus, le ministre fédéral a réitéré «son appui profond» à la liberté religieuse et à la liberté de culte «partout dans le monde».

(La Presse Canadienne)