Dans la foulée de la tragédie de Lac-Mégantic, qui a fait 47 victimes, la Fédération canadienne des municipalités (FCM) estime qu'il est temps que les villes du pays aient leur mot à dire en matière de transport ferroviaire, estime son président, Claude Dauphin.

Sans aller jusqu'à dire que les municipalités étaient perçues comme des intervenants de deuxième ordre, M. Dauphin a estimé vendredi qu'il était temps pour elles d'avoir un vrai partenariat avec le gouvernement fédéral dans ce dossier.

«Tout le monde s'entend qu'il y a urgence de mettre à jour la sécurité ferroviaire, a dit M. Dauphin. On est conscients qu'il nous faut une place à la table. Ça prend un vrai partenariat avec le gouvernement fédéral et les représentants des municipalités.»

Il a tenu ces propos alors que le Groupe de travail municipal sur la sécurité ferroviaire nationale de la FCM a pressé Ottawa d'agir dans trois secteurs.

La FCM demande au gouvernement Harper d'assurer une réglementation qui tient compte de la préoccupation des municipalités, un meilleur soutien aux intervenants locaux en ce qui a trait aux urgences ainsi que des moyens financiers suffisants lors d'interventions d'urgence.

Ces demandes de la Fédération ont été formulées au lendemain de la publication d'un rapport d'un comité sénatorial exhortant notamment Ottawa à procéder à une révision en profondeur des normes en matière de transport de matières dangereuses au Canada.

Selon M. Dauphin, les municipalités ont le droit de savoir quelles sont les matières dangereuses qui passent sur leur territoire afin de se préparer en conséquence et elles doivent être consultées par les compagnies ferroviaires et le fédéral lors de l'élaboration de plans d'urgence.

La FCM a aussi remis en question le régime d'assurance, qui devrait garantir que les sociétés aient une couverture suffisante pour supporter les coûts liés aux urgences ferroviaires.

Son président a affirmé que les contribuables locaux n'avaient pas à payer les dommages d'un incident ferroviaire, même en cas de faillite de l'entreprise pointée du doigt.

«Il y a des choses à changer, on est conscients de ça, a soutenu M. Dauphin. De mémoire, ce qui est exigé des compagnies ferroviaires, c'est une police d'assurance "adéquate". Qu'est-ce que signifie dans la réalité le mot "adéquate"?»

La FCM s'est défendue d'avoir attendu une tragédie comme celle de Lac-Mégantic pour effectuer une sortie de la sorte.

«Depuis 2003, la Fédération a un comité conjoint avec l'industrie sur les pratiques ainsi que la sécurité, a dit M. Dauphin. On n'attendait pas après une catastrophe pour agir.»

La Fédération, qui dit avoir rencontré la ministre fédérale des Transports, Lisa Raitt, ainsi que des représentants de Transports Canada en lien avec ces enjeux, n'était cependant pas en mesure de dire quand Ottawa avait l'intention de répondre à ses demandes.

«Nous allons rencontrer la ministre (Raitt) dans les prochaines semaines et nous (la FCM) aurons une troisième rencontre ensuite», a dit M. Dauphin.

Depuis sa création, le groupe de travail s'est réuni à deux reprises. M. Dauphin espère que la FCM sera en mesure de proposer des recommandations que son conseil d'administration pourra adopter lors de sa prochaine réunion, en novembre, à Calgary.

M. Dauphin était accompagné de plusieurs membres du Groupe de travail municipal sur la sécurité ferroviaire nationale.

La mairesse de Bromont, Pauline Quinlan, ainsi que la mairesse de Magog, Vicki May Hamm, qui représentait l'Union des municipalités du Québec, étaient notamment présentes.