Une ancienne gérante du centre commercial Algo a accusé le propriétaire d'être «un employeur tyran dépourvu d'éthique» et un «propriétaire louche» vendredi, lors de la commission d'enquête publique sur l'effondrement mortel du centre commercial.

Dans sa lettre de démission déposée à la commission, Henri Laroue énumère de nombreuses raisons pour expliquer son départ le 3 mai 2011, un an avant que le toit du centre commercial ne s'effondre et ne tue deux femmes.

Mme Laroue y indiquait notamment avoir été sur appel «24 heures par jour, sept jours par semaine, 358 (sic) jours par année» et que même si elle était appelée régulièrement, elle ne recevait aucun revenu supplémentaire.

Elle y écrivait aussi avoir fait part du fait qu'elle travaillait parfois jusqu'à 60 heures par semaine, mais qu'elle était «dans le trouble» aussitôt qu'elle était en retard et que Bob Nazarian lui aurait répondu qu'il pouvait la faire travailler 90 heures par semaine. Également, elle y affirmait que tout congé maladie était déduit de sa paie.

En guise de réponse vendredi, lors de la quatrième journée de son témoignage, Bob Nazarian aurait déclaré que son ancienne employée était malhonnête.

Mme Laroue, qui a témoigné sans avocat en mai, a aussi accusé M. Nazarian de lui avoir ordonné de forcer la porte du commerce d'un locataire pour en changer la serrure.

Elle avait également déclaré que son ancien patron ne respectait pas les règles de sécurité.

Il lui aurait ordonné de laisser l'hôtel sans personnel - ce qui aurait été illégal - et lui aurait dit d'ignorer les directives du Code de prévention des incendies parce que ces gens avaient suffisamment pris de son temps.

Bob Nazarian s'est défendu en se qualifiant d'homme d'affaires honorable qui n'a jamais rien fait d'illégal.

Il a cependant reconnu devant l'avocat de la commission, Peter Doody, ne pas avoir respecté le Code de prévention des incendies pendant des années en raison de problèmes financiers.

Lors du témoignage, les échanges entre M. Nazarian et M. Doody sont fréquemment devenus musclés, au point où le témoin a demandé une pause au président de la commission, qualifiant les questions de l'avocat «d'harcèlement».

Autre point de vue

Certains résidants d'Elliot Lake, en Ontario, ne jettent pas tout le blâme de l'effondrement mortel du centre commercial Algo sur son propriétaire. Elaine Miller parle d'une «situation délicate» puisque la tragédie se tramait depuis 30 ans.

Elle soutient que même certains résidants ont eu un rôle à jouer, ayant continué de fréquenter le centre commercial même s'ils disaient croire qu'il allait s'effondrer un jour.

Toutefois, après que Bob Nazarian eut admis avoir eu l'argent pour réparer le toit et avoir plutôt choisi de l'investir ailleurs, d'autres sont surtout en colère contre le propriétaire.

Quelques-uns, comme John Pomerleau, pensent qu'il devrait faire face à des accusations criminelles.

Jeudi, Bob Nazarian est passé aux aveux en admettant qu'il avait vendu une de ses propriétés en 2009 - quatre ans après avoir acheté le centre commercial - puis dépensé 2,6 millions $ pour en acheter une autre.

Lorsque l'avocat de la commission, Peter Doody, lui a demandé pourquoi il n'avait pas plutôt investi dans les réparations, il a répondu que c'était une cause perdue d'avance.

Bob Nazarian a aussi avoué avoir pris part à une série de contrats douteux et de transactions en argent comptant pour obtenir un prêt ou une subvention afin de réparer l'édifice.

Il a reconnu que l'idée était mauvaise, mais dit avoir agi en désespoir de cause et que son plan était légitime.