L'ultimatum à peine voilé de la première ministre Pauline Marois a été entendu. Patrons et syndiqués de la construction retournent à la table de négociations vendredi, au cinquième jour de la grève.

En matinée jeudi, Mme Marois a envoyé un signal clair aux parties qui allaient rencontrer séparément la ministre du Travail, Agnès Maltais. «Ils ont quelques jours pour régler», a-t-elle déclaré en entrevue au 98,5 FM. La première ministre a ajouté qu'elle souhaite un retour au travail des 175 000 grévistes au début de la semaine prochaine. Elle a laissé planer la menace d'une loi spéciale, rappelant toutefois que ce n'est pas le scénario que souhaite son gouvernement.

Quelques heures plus tard, patrons et syndiqués ont accepté de reprendre les pourparlers à l'issue de leur rencontre avec Mme Maltais. «Nous lui avons fait part que nous allions retourner à la table de négociations, a affirmé le porte-parole de l'Alliance syndicale, Yves Ouellet, directeur général de la FTQ-Construction. On s'en va là avec ouverture et on a des choses à proposer.» Il n'a pas voulu préciser ce que sont ces «choses». Les parties se sont entendues avec la ministre pour ne pas «négocier sur la place publique».

«Il faut que ça débloque»

Pour justifier le retour à la table, Yves Ouellet a affirmé qu' «une entente négociée est tout le temps mieux qu'un règlement imposé» par le gouvernement.

«Il faut que ça débloque. Une grève, il faut que ça se règle par règlement, par une négociation. On veut avoir une entente négociée», a-t-il ajouté.

Il a reconnu du bout des lèvres que la menace d'une loi d'exception a eu de l'effet. «Est-ce qu'on sent une pression? On est comme tout le monde, on écoute les médias, et nos travailleurs et travailleuses [...] écoutent ça», a-t-il dit. Lors de son arrivée pour la rencontre avec Mme Maltais, le président du Conseil interprovincial (International), Gérard Cyr, a dit que «bien souvent, les travailleurs y perdent» avec une loi spéciale. «J'espère qu'on n'en arrivera pas là», a-t-il ajouté.

Agnès Maltais a également rencontré les représentants des associations patronales pendant une heure en matinée. Ils ont été laconiques, se contentant de dire qu'ils étaient «en mode solution». «On va à la table avec tous les espoirs possibles», a dit le porte-parole de l'Association de la construction du Québec, Éric Côté.

De son côté, Agnès Maltais est satisfaite que le dialogue soit rétabli. «J'avais un objectif: que les négociations reprennent. Je remercie les présidents des associations patronales et syndicales qui ont accepté de répondre à l'appel des conciliateurs et de se rasseoir à la table de négociation. Maintenant, laissons-les travailler», a-t-elle dit avant de retourner à ses bureaux.

Les parties tenteront vendredi de s'entendre sur les points en litige qui concernent les salaires, les horaires de travail et la mobilité de la main-d'oeuvre.