Bernard Gauthier, alias Rambo, rejette la responsabilité des pratiques d'intimidation et de discrimination dans les chantiers de la Côte-Nord sur la FTQ-Construction qui est visée par la décision de la Commission des relations du travail.

«Je suis pas concerné par ça ! C'est la FTQ-Construction qui est trouvée coupable», s'est borné à dire ce matin M. Gauthier lorsque La Presse l'a joint sur la Côte-Nord. L'agent d'affaires de l'Union des opérateurs de machinerie lourde (local 791), l'un des 17 syndicats  affiliés à la FTQ-Construction, est pourtant au coeur du système reconnu par la Commission des relations du travail (CRT).

Dans une décision appuyée sur «une preuve accablante», la commissaire Kim Legault établit qu'un travailleur syndiqué avec la CSN, Harold Richard, a été mis à pied en septembre 2009 en raison de son allégeance syndicale et surtout, à la suite de pressions exercées par M. Gauthier. Ainsi, la FTQ-Construction est jugée responsable des actes du local 791 et de son agent d'affaires. De plus, l'employeur, Les Équipements Nordiques, est blâmé. La CRT mentionne que l'entreprise «avait perdu le contrôle de son embauche et de ses mises à pied». Mais il semble que la crainte des représailles fasse partie du portrait général.

La FTQ-Construction a réagi par communiqué de presse. Le syndicat entend contester la décision de la CRT en soulignant qu'au cours des deux dernières années, trois jugements différents ont acquitté des représentants syndicaux dont M. Gauthier pour intimidation. «Notre organisation n'a jamais encouragé l'intimidation et ne le fera pas», a affirmé le directeur général de la FTQ-Construction, Yves Ouellet.



De son côté, la CSN s'est réjouie de la décision rendue par la CRT. Selon la CSN-Construction, le système discriminatoire existe toujours. M. Richard était d'ailleurs présent lors de la conférence de presse afin de témoigner du problème qui perdure dans l'industrie de la construction. Harold Richard est sans travail puisqu'il se retrouve sur une «liste noire», comme il le souligne.

Le placement syndical a été aboli l'année dernière par l'adoption de la loi 33 dont l'application ne commencera toutefois qu'en septembre prochain. La Commission de la construction du Québec doit prendre le relais en mettant en place un système de référence de la main-d'oeuvre. Des changements législatifs permettront tout de même aux syndicats de contacter les employeurs. Cette possibilité inquiète la CSN qui y voit un risque que «les pratiques dénoncées dans la décision de la CRT se poursuivent».