Dalton McGuinty, qui pouvait encore se targuer vendredi de détenir le plus long règne parmi tous les premiers ministres actifs du Canada, a officiellement présenté ses adieux.

Entouré par sa grande famille et visiblement ému, le premier ministre de l'Ontario a remercié le Parti libéral de l'avoir appuyé pendant les bons et moins bons moments, à commencer par les années dans l'opposition jusqu'à sa troisième victoire consécutive, lors des élections de 2011 - un tour de force que le parti n'avait pas réalisé en plus d'un siècle.

M. McGuinty a livré son allocution dans l'enceinte de l'ancien Maple Leaf Gardens, le même lieu culte de la Ville Reine où il avait causé une forte surprise en devenant le leader du Parti libéral de l'Ontario malgré le fait qu'il occupait le quatrième rang à l'issue des deux premiers tours de scrutin, en 1996.

«Vous et moi formons maintenant une famille», a-t-il lancé, devant une salle comble.

«Mais ne vous attendez pas à ce que je me souvienne de vos anniversaires!», a-t-il blagué. «Tout ce dont un McGuinty a besoin - une plus grande famille!»

Le mot famille est d'ailleurs revenu fréquemment lors de son discours, le dernier acte d'un hommage d'une soixantaine de minutes animé par ses enfants Carleen et Dalton fils, durant lequel ils ont ressorti des films familiaux montrant l'imposant clan McGuinty au fil des années.

«Vous m'avez donné la force dont j'ai eu besoin en faisant de ma maison un endroit où les premiers ministres et la politique n'avaient pas d'importance, mais où les rôles de père et de mari avaient toute la signification du monde», a-t-il déclaré.

Aîné d'une large famille catholique établie à Ottawa, Dalton McGuinty a donné un coup de main à ses parents débordés afin de s'occuper de ses neuf frères et soeurs. Pour aider, il a détenu divers emplois pendant ses études secondaires, d'agent de service hospitalier à conseiller au camp estival que dirigeait son père.

À titre de premier ministre, M. McGuinty s'est souvent inspiré de son enfance pour transmettre une leçon politique sur les responsabilités associées au leadership.

Et c'est ce qu'il a de nouveau fait vendredi soir, affirmant que son désir «de faire le bien aux autres» était né des bonnes choses que ses parents ont faites pour lui grâce à leur travail acharné et leurs sacrifices.

Dalton McGuinty s'est lancé en politique il y a 22 ans après que son père, professeur d'anglais et politicien à l'échelle provinciale, eut succombé en pelletant de la neige.

«Mon seul regret, c'est que mon père ne m'a jamais vu amorcer ma carrière publique», a-t-il reconnu.

M. McGuinty a pris tout le monde par surprise en octobre lorsqu'il a annoncé sa démission, au moment où il était mêlé à une série de scandales qui semblaient insurmontables, même pour lui.

Il s'est aliéné de puissants alliés qu'il avait courtisés pendant des années - les enseignants du réseau public - en imposant un gel salarial pour réduire l'imposant déficit de la province. Les syndicats ont déclaré la guerre, promettant de retirer leur soutien financier et utilisant leur puissance organisationnelle pour défaire, lors du scrutin suivant, celui qui se surnommait le «premier ministre de l'éducation».

Les syndicats ont atteint leurs objectifs lors d'une élection partielle, le 6 septembre, orchestrée par M. McGuinty dans le but de gagner le siège dont il avait besoin pour se doter d'un gouvernement majoritaire, en faisant élire un candidat néo-démocrate pour la première fois de l'histoire de la circonscription de Kitchener-Waterloo.

En présentant sa démission, le politicien de 57 ans a donné le temps à son parti de se choisir un nouveau leader, de réparer les pots cassés avec les syndicats et faire oublier une motion de défiance liée à l'annulation de la construction de deux centrales électriques.

M. McGuinty a défendu son dossier, affirmant qu'il laisse derrière de meilleures écoles, un meilleur système de santé et une économie qui reprend des couleurs.

Ces mesures ont toutefois eu un prix: les dépenses du gouvernement ont plus que doublé et la province est entrée dans le rouge, avec un déficit de 12 milliards de dollars.

Les délégués du parti ont commencé à voter vendredi afin de désigner leur nouveau chef et, du coup, le prochain premier ministre de l'Ontario.

La sélection des délégués a permis d'établir que les candidates Sandra Pupatello et Kathleen Wynne seraient en tête après le premier tour de scrutin, dont les résultats seront connus en début d'après-midi, samedi. Le deuxième tour s'amorcera immédiatement après.

Environ 1800 délégués et 400 dirigeants, députés et ex-députés participeront au vote. Six candidats sont en lice.