Le propriétaire du Pont Ambassadeur, Manuel Moroun, a été emprisonné, a payé des milliers de dollars en frais juridiques liés à un projet d'autoroute à Detroit et a dépensé des millions supplémentaires pour faire progresser l'idée d'un référendum public visant à stopper la construction d'un pont concurrent.

M. Moroun a cependant été incapable de convaincre suffisamment d'électeurs d'appuyer une proposition, mardi, qui aurait donné aux citoyens de l'État du Michigan la possibilité de se prononcer sur l'emploi de fonds publics pour la construction d'un nouveau pont transfrontalier entre le Canada et les États-Unis.

L'histoire, cependant, démontre que le reclus millionnaire abandonne rarement, même si ses opposants sont le plus haut responsable gouvernemental du Michigan et le gouvernement canadien.

Le magnat est en effet opposé à la construction d'un nouveau pont reliant Detroit à Windsor, en Ontario. Ce nouvel ouvrage représenterait une forte compétition pour son propre pont, et pourrait éventuellement coûter des milliards de dollars en revenus à son empire, en raison d'une diminution des frais de péage.

À la suite de la défaite de la Proposition 6, mardi, le gouverneur du Michigan Rick Snyder et plusieurs élus canadiens ont annoncé qu'ils iraient de l'avant avec la construction du nouveau pont de 3,5 milliards $.

Selon Mickey Blashfield, le porte-parole de M. Moroun, le Pont Ambassadeur engrange des revenus d'environ 60 millions $ par année. Un pont concurrent grugerait vraisemblablement les profits dont M. Moroun a été le seul à profiter pendant des années.

Cette bataille à propos du pont est un prolongement des récents démêlés juridiques de M. Moroun avec le département des Transports du Michigan, lors desquels l'homme de 84 ans a été emprisonné pendant deux jours, cette année, pour avoir violé un ordre de la cour l'obligeant à compléter les travaux d'un projet de 230 millions $ pour relier son pont à l'autoroute.

Le coût de la construction du pont est estimé à lui seul à environ 950 millions $, selon le site Internet du nouvel ouvrage. Les autres coûts comprennent les travaux autoroutiers, les installations douanières dans les deux pays et des travaux d'infrastructures.