Les producteurs de pommes du Québec s'attendent à une récolte hâtive qui ne passera pas à l'histoire de par son abondance en 2012, en raison des caprices de la météo, mais le pire semble avoir été évité.

«On ne s'attend pas à une production record cette année», a expliqué le directeur régional de la Fédération des producteurs de pommes du Québec (FPPQ-UPA) Daniel Ruel, en entrevue avec La Presse Canadienne.

«On va avoir une quantité raisonnable, mais pas une grosse récolte. Ça va tourner probablement aux alentours de cinq millions de minots de pommes [un minot contient environ 40 litres], par rapport aux dernières années où on a vu six millions.»

Les chaleurs anormales de la fin du mois de mars, alors que le mercure s'est maintenu au-dessus des 20 degrés dans le sud-ouest du Québec durant cinq jours, avaient provoqué un débourrement hâtif des bourgeons, ce qui avait fait craindre le pire aux pomiculteurs.

«C'est ce qui nous inquiétait beaucoup à l'époque», raconte M. Ruel.

«Les producteurs de pommes étaient sur le qui-vive et disaient: "on n'a jamais vu ça du débourrement aussi hâtif." On est en avance par rapport à une année normale et cette année ressemble beaucoup à l'année 2010, qui était aussi une année hâtive, mais avec moins de volume.»

Fort heureusement, après cet épisode de chaleur, le mercure n'est pas descendu sous les moins sept degrés Celsius par la suite, ce qui aurait provoqué une forte mortalité des bourgeons.

En contrepartie, de nombreux épisodes de grêle -également survenus beaucoup plus tôt que d'habitude- ont affecté négativement la récolte. Les épisodes de grêle surviennent habituellement en juillet et en août, mais, cette année, la grêle a fait son apparition dès le mois de mai, souligne M. Ruel.

«Comme diraient les vieux producteurs: "on n'a jamais vu la grêleuse passer aussi tôt!" C'est rare que l'on ait de la grêle si tôt en saison. Quand le fruit est tout petit et qu'il reçoit un gros grêlon, la petite blessure va devenir une grosse blessure quand le fruit va grossir.»

La grêle endommage lourdement le fruit et rend celui-ci impropre à la vente au détail, obligeant les producteurs à l'envoyer à la transformation pour en faire du jus ou d'autres produits dérivés. Certains types de grêle peuvent même fendre le fruit en deux complètement, provoquant sa perte.

Le chiffre potentiel de cinq millions de minots représenterait une baisse de plus de 15% par rapport à l'année dernière. M. Ruel avertit cependant qu'il est encore beaucoup trop tôt pour avancer un tel chiffre avec certitude puisque les évaluations de mi-saison ne sont pas attendues avant la fin du mois de juillet.

Cette évaluation préliminaire ne servira d'ailleurs qu'à titre indicatif puisque ce sont les pluies du mois d'août qui déterminent la grosseur du fruit. Les pluies de juin, elles, déterminent la qualité du fruit et, encore là, les producteurs ont craint les effets d'une sécheresse, mais la météo leur a finalement été favorable sur la fin du mois, fournissant un apport d'eau suffisant pour le développement des cellules.