Politiciens, marionnettes géantes et Montréalais se sont donné rendez-vous cet après-midi sur la rue Sherbrooke pour le traditionnel défilé de la Saint-Jean-Baptiste. Un soleil de plomb était aussi de la partie.

Les marcheurs ont parcouru presque quatre kilomètres, du parc Baldwin jusqu'au parc Maisonneuve. Pauline Marois, Françoise David, Thomas Mulcair et Louise Harel ont battu le pavé, tout comme Gilles Duceppe et Bernard Landry.

Le cortège de chars allégoriques et de danseurs était talonné par le «défilé populaire», au sein duquel plusieurs centaines participants ont marché. L'estimation officielle de la foule par l'organisation a été fixée à 150 000 participants.

Le défilé était animé par une performance continue de Vincent Vallières et une narration du comédien François Gadbois.

Avant le départ, le grand patron de la Fête nationale, Mario Beaulieu, avait affirmé qu'il s'attendait à un défilé populeux, mais sans débordements. Selon lui, de 50 000 à 100 000 personnes se déplacent bon an mal an pour le défilé de la Fête nationale.

«Il y a beaucoup de monde cette année, davantage que l'année passée», a-t-il évalué.

Si bien des Montréalais se sont déplacés, ce n'était pas le cas du gouvernement, puisqu'aucun ministre ou député n'a fait acte de présence à l'événement.

M. Beaulieu a d'ailleurs dit regretter l'absence «assez habituelle» des élus du Parti libéral du Québec.

«Je trouve ça dommage», a-t-il affirmé. «Les libéraux sont les bienvenus aussi, c'est leur décision.»

Contexte particulier

Précédé d'innombrables manifestations dans les quatre derniers mois, ce défilé de la Fête nationale s'inscrit  dans un contexte très particulier, ont reconnu les politiciens qui y ont pris part.

Pauline Marois, qui ne portait pas son carré rouge, a tenu à séparer la Fête nationale du débat sur la hausse des frais de scolarité.

«Moi j'ai le goût de rassembler les Québécois. Carrés rouges, carrés verts, carrés blancs confondus. Le Québec a besoin de solidarité, de se rassembler», a-t-elle affirmé en marchant.

«Il faut affirmer ce que nous sommes, avec les débats qui nous animent, comme dans toute société», a pour sa part analysé Gilles Duceppe. «Au-delà de ça, c'est la fête de tous les Québécois.»

Même discours du côté de Françoise David.

«C'est une journée où je veux bien m'entendre avec tout le monde. On est Québécois aujourd'hui. On est fiers d'être un peuple qui dure et qui dure en Amérique du Nord», a fait valoir la co-chef de Québec solidaire, ajoutant qu'elle ne faisait pas la paix avec les libéraux pour autant. La frustration à l'égard du gouvernement Charest, «on ne peut jamais l'oublier complètement», a-t-elle dit.

Des militants du Réseau de résistance du Québecois (RRQ), qui tenaient des affiches formant les mots «Dehors Charest», se tenaient juste derrière les dignitaires au début de la marche. Ils ont progressivement reculé pour s'en éloigner de plus en plus. «Normalement, à la Fête nationale, je fais autre chose», a expliqué le leader du RRQ, Patrick Bourgeois. «Mais là il faut ce qu'il faut.»

Voeux d'Ottawa

Les autres chefs de partis fédéraux ont eux aussi souligné la Fête nationale.

Stephen Harper était à Saint-Narcisse-de-Beaurivage, un petit village de la grande région de Québec, pour souligner l'occasion.

«Aujourd'hui, comme à chaque 24 juin, les Québécoises et les Québécois se réunissent pour célébrer la Fête nationale du Québec. Les francophones de partout au pays se joignent à eux afin de souligner la Saint-Jean-Baptiste», a-t-il affirmé, selon un communiqué publié par son bureau. «Au cours de l'histoire du Canada, les Canadiens d'expression française ainsi que les Québécois et les Québécoises ont grandement contribué à l'édification d'un Canada uni et prospère, que ce soit grâce à leur rôle durant les conflits armés des derniers siècles, à leurs contributions artistiques ou à leur identité culturelle distincte.

Bob Rae était pour sa part à Montréal, mais a décidé de ne pas participer au grand défilé. Il a plutôt opté pour une fête de quartier dans Villeray.

Dans un communiqué émis en avant-midi, il a mis l'accent sur tous les francophones du Canada.