Le Québec a sous-investi dans son réseau routier, mais paradoxalement, la somme que chaque Québécois consacre aux routes est beaucoup plus élevée que celle des Ontariens ou des New-Yorkais. Deux raisons expliquent ce curieux paradoxe: la grande superficie de la province et sa population moins nombreuse.

Selon une analyse de La Presse, le ministère des Transports du Québec a injecté 21,3 milliards de dollars dans son réseau depuis 15 ans, ce qui équivaut à 2790$ par habitant. En comparaison, chaque Ontarien y a consacré 2072$ pendant la même période.

Le gouvernement du Québec a pourtant sous-investi dans le réseau par rapport à l'Ontario. Les 21,3 milliards de dollars du Québec équivalent à 351 000$ par kilomètre de route depuis 15 ans, la moitié de l'Ontario (657 000$ par kilomètre de route).

Cette apparente contradiction s'explique par le fait que les Québécois sont beaucoup moins nombreux que les Ontariens (environ 8 millions contre 13,2 millions) pour entretenir leurs routes. De plus, le réseau du Québec est presque deux fois plus grand (60 744 km contre 39 000 km). En somme, pour avoir des routes comparables à leurs voisins, les Québécois doivent faire un effort financier individuel beaucoup plus important.

Par exemple, au cours de la dernière année, les fonds consacrés aux routes au Québec ont été de 443$ par habitant (les enfants sont compris dans les statistiques). Il s'agit du double de l'effort des Ontariens (230$ par habitant). Pour consacrer autant d'argent que nos voisins par kilomètre de routes, la part de chaque Québécois devrait passer de 443$ à près de 600$ par année, une hausse de 35%!

Le phénomène est le même si l'on compare le Québec à l'État de New York. Le réseau new-yorkais fait l'équivalent de 50 000 km de voie unique, un peu moins que le Québec. Or, la population y est d'environ 20 millions de personnes, plus de deux fois le Québec.

Facteur climatique

Évidemment, une population plus nombreuse entraîne un plus grand nombre de déplacements automobiles, lesquels sont susceptibles d'exiger plus d'entretien.

Toutefois, les études démontrent que le facteur climatique joue aussi un rôle très important dans la détérioration du réseau. Ce facteur défavorise le Québec, rappelle une étude d'André Légaré et associés publiée en 2005.

En moyenne, les précipitations annuelles sont ici de 1000 mm, comparativement à environ 750 mm en Ontario et dans l'État de New York. Surtout, la durée du gel varie ici de 147 à 218 jours, contre 100 à 200 jours en Ontario et moins de 100 jours dans l'État de New York.

«Le Québec connaît des écarts de température de 60 à 70 degrés, le mercure pouvant descendre jusqu'à - 30 °C l'hiver et atteindre 30 °C en été. En outre, depuis quelques années, le Québec connaît des dégels en janvier et même en février. Ces conditions climatiques «extrêmes» ont donc forcément de sérieuses répercussions sur l'état de notre réseau routier», fait valoir l'étude.