Des députés d'opposition et les familles des victimes de fusillades appellent le gouvernement Charest à se placer rapidement dans les blocs de départ s'il espère gagner la course pour sauver les données du registre des armes d'épaule.

Réunis vendredi au collège Dawson, à Montréal, les partisans d'un contrôle strict des armes ont rappelé qu'il y avait urgence d'agir.

Ils demandent aux procureurs de Québec de s'adresser aux tribunaux pour tenter d'empêcher que les données soient détruites. Un tribunal pourrait émettre une injonction empêchant Ottawa de se débarrasser de ces informations.

«Nous demandons au gouvernement du Québec d'entamer un recours juridique le plus rapidement possible», a déclaré Heidi Rathjen, porte-parole du groupe PolySeSouvient.

«C'est pour nous la seule action, dans les circonstances actuelles, qui peut sauver le registre ou du moins ses précieuses données», a-t-elle ajouté.

Le même jour, le ministre québécois de la Sécurité publique, Robert Dutil, a affirmé à Québec qu'il envisageait toutes les possibilités, dont celle de lancer une demande d'injonction devant la justice. Une telle procédure ne pourrait toutefois être entamée avant qu'un projet de loi ne soit officiellement adopté à Ottawa, selon lui.

«On regarde toutes les options. Aucune option n'est rejetée», a-t-il affirmé à la presse.

Il a affirmé qu'il accueillait positivement la sortie des partisans du registre, expliquant qu'il fallait continuer à faire pression sur Ottawa pour qu'il lâche du lest.

Le ministre Dutil a dit estimer que «le fait que les gens manifestent leur désaccord avec la position du gouvernement fédéral va nous aider à continuer notre travail».

Le gouvernement fédéral promettait depuis longtemps d'abolir le registre des armes d'épaule, plaidant qu'il s'en prenait aux chasseurs et aux collectionneurs. Mais son projet de loi, présenté la semaine dernière, prévoit aussi la destruction de toutes les données accumulées depuis la création du registre.

Les députés d'opposition présents au collège Dawson se sont dits confiants de voir Québec aller de l'avant pour mettre la main sur les données fédérales.

Mais les autorités québécoises devront faire face à un gouvernement fédéral déterminé à supprimer complètement le registre.

La semaine dernière, le ministre conservateur Christian Paradis avait définitivement rejeté les demandes du gouvernement Charest pour préserver une partie des données.

M. Paradis a ainsi servi une fin de non-recevoir à une lettre adressée fin octobre à Ottawa par deux ministres québécois.

«C'est non, avait-il dit lors d'une entrevue avec La Presse Canadienne. On ne fera pas indirectement ce qu'on ne veut pas faire directement. C'est ça la réponse, donc ça se résume à un non.»

Selon le ministre, le Québec n'a pas la juridiction pour utiliser les données du registre recueillies par Ottawa en vertu du Code criminel, qui relève du fédéral.

M. Paradis admet que le gouvernement québécois a le droit de mettre sur pied son propre système d'enregistrement, mais il ne pourra l'établir sur la base des informations dont Ottawa dispose actuellement.

Même s'il ne s'agit pas de la solution idéale, la mise sur pied d'un registre provincial permettrait tout de même de sauver des vies, affirment ses partisans.