Plusieurs inspecteurs de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) ont passé la journée de jeudi au chantier de l'autoroute 30 pour enquêter sur les mesures de sécurité appliquées à la suite de la mort d'un travailleur, vendredi.

À la suite de la mort de Georges Berger, tué par un camion qui reculait, la CSST a ordonné au responsable du chantier, Nouvelle Autoroute 30 (NA-30), de vérifier l'avertisseur de recul de tous les camions accédant au site et d'affecter un signaleur à tous les véhicules en mouvement.

L'entrepreneur visé

Or, jeudi matin, la CSN a porté plainte à la CSST au motif que l'entrepreneur ne respecte pas ces conditions. «On a constaté samedi et mercredi qu'aucune de ces mesures n'a été appliquée. Les manquements à la santé et à la sécurité des travailleurs de ce chantier se poursuivent», a dit Jean Lacharité, deuxième vice-président de la CSN.

«C'est extrêmement grave qu'un inspecteur ordonne l'arrêt des activités du chantier tant que des mesures ne sont pas prises, puis qu'une entreprise fasse un plan sur papier et ne l'applique pas dans les faits. Quelle considération pour les travailleurs? Plus méprisant que ça, ce n'est pas possible.»

À la suite de la plainte, la CSST a aussitôt dépêché ses inspecteurs au chantier. Leur rapport est attendu sous peu.

NA-30 assure qu'elle respecte les conditions qu'on lui a imposées pour reprendre le travail. «On est tous bouleversés et consternés par la mort de M. Berger. C'est clair qu'on prend la situation très au sérieux», a dit Denis Léonard, directeur général du consortium.

Il a indiqué que toutes les mesures de sécurité nécessaires étaient en place avant l'incident et qu'elles ont été renforcées depuis. Principal changement depuis vendredi, tout camionneur qui se met en marche arrière doit garder un contact visuel avec un signaleur. Lorsqu'il le perd de vue, il doit s'arrêter.

Plus gros chantier au Québec

Le chantier de l'autoroute 30, qui emploie plus de 1000 travailleurs et fait plus de 40 km de longueur, est actuellement le chantier routier le plus important au Québec. Environ 600 camionneurs s'y rendent quotidiennement. Fait rare, un inspecteur de la CSST consacre la majeure partie de son temps à le surveiller. En deux ans, celui-ci a rédigé 87 rapports sur des améliorations à apporter en matière de sécurité.

En mars 2010, la CSST a découvert que l'entrepreneur n'avait pas formé de comité de coordination à la sécurité. Dans son rapport, l'inspecteur avait pourtant souligné que «les travaux en cours dans plusieurs secteurs impliquent des activités présentant des dangers». Il avait notamment noté «la circulation d'engins lourds dans des aires de travail et de circulation restreintes où des travailleurs se déplacent à pied, présentant ainsi un danger de collision». La CSST a indiqué jeudi que le comité en question a été mis sur pied en juin 2010, soit plus d'un an après le début des travaux.

Cet été, les travailleurs ont refusé de travailler après avoir jugé que les mesures de sécurité étaient insuffisantes. Les travaux ont repris après une enquête de la CSST qui a établi que les mesures étaient adéquates.

Dans un rapport daté du 31 août, soit deux jours avant la mort du travailleur Georges Berger, l'inspecteur de la CSST avait constaté que l'avertisseur de recul d'un camion ne fonctionnait pas.

Selon la CSN, Georges Berger ne serait pas le premier travailleur heurté par un véhicule sur ce chantier. Cet été, un employé affecté à la sécurité aurait été heurté par un véhicule. Il s'en est tiré avec des côtes brisées.