Le premier ministre Stephen Harper a célébré vendredi la Fête nationale du Québec dans une région qui a suivi les discussions d'un sommet international où le Canada a refusé d'inclure l'amiante chrysotile sur une liste de produits dangereux.

Lors d'un BBQ qui s'est tenu dans la circonscription conservatrice de Mégantic-L'Érable, M. Harper n'a pas soufflé mot du controversé dossier, se limitant à formuler ses voeux aux Québécois et francophones du Canada qui fêtent la Saint-Jean Baptiste.

«Le Canada, mes amis, ne serait tout simplement pas devenu le meilleur pays au monde sans votre contribution, sans la contribution des Canadiens d'expression française, sans la contribution de la nation québécoise», a-t-il dit.

Le premier ministre a pris la parole sous un chapiteau dressé pour protéger environ 300 invités de la pluie qui tombait abondamment sur cette ville où se trouve la dernière mine d'amiante du Canada.

Parmi les convives se trouvait Bernard Coulombe, qui souhaite relancer une mine d'amiante dans la ville d'Asbestos, non loin de Thetford Mines.

M. Coulombe s'est félicité des prises de position du Canada au sommet de Genève, en Suisse, où les représentants canadiens ont soutenu qu'il est possible d'utiliser l'amiante de manière sécuritaire, même s'il s'agit d'un produit cancérigène.

«On n'a pas besoin de la bannir, on a seulement à continuer ce que nous faisons au Canada depuis le début des années 1980, à aller partout et à expliquer comment on fait pour travailler», a-t-il dit lors d'une entrevue, avant que M. Harper prenne la parole.

Selon l'homme d'affaires, les opposants à l'amiante se font d'abord et avant tout les porte-parole des industries concurrentes.

«C'est bien plus mercantile qu'environnemental», a-t-il dit.

L'opposition du Canada et d'autres pays a empêché l'ajout, vendredi, de l'amiante chrysotile à l'Annexe III de la Convention de Rotterdam, un traité des Nations unies signé en 2004.

Autrement, les pays exportateurs auraient été contraints d'informer les importateurs de ses dangers sur la santé.

Des pays auraient alors pu refuser d'acheter de l'amiante dans la mesure où ils ne pourraient pas l'utiliser de manière sécuritaire.

Le Canada s'est déjà opposé deux fois à l'inclusion de l'amiante dans la liste des substances dangereuses de la Convention de Rotterdam, dont les décisions doivent faire consensus. Il a maintenu le cap au sommet de Genève, qui a pris fin vendredi.

M. Coulombe a affirmé que le projet de relance de la mine Jeffrey était en cours d'être finalisé, les avocats des cinq partenaires, dont des producteurs de fibrociment en Inde, discutant des derniers détails de la convention qui les unira.

Le gouvernement du Québec a annoncé son intention d'accorder une garantie de prêt de 58 millions $ au projet, ce qui lui a valu des critiques de la part d'opposants qui craignent les effets des exportations du minerai dans les pays en développement, dont l'Inde, où les normes de sécurité pourraient être difficilement applicables pour protéger les travailleurs.

M. Coulombe s'est montré convaincu que les usines transformatrices en Inde respectaient les normes, et il a affirmé qu'il n'y avait rien à craindre des fibres qui pouvaient se répandre des matériaux de construction fabriqués avec ce produit.

«L'amiante qui est scellé avec de la résine, avec du ciment, ça ne relâche pas de fibres, a-t-il dit. Et quand ça en relâche, c'est insignifiant.»

M. Coulombe a cependant affirmé qu'au-delà des grands transformateurs, ce sont les petits utilisateurs qui s'exposent le plus aux risques de l'amiante chrysotile.

«Ce sont ceux-là que les journalistes vont voir, ce sont ceux-là que Radio-Canada-CBC prend en photo», a-t-il dit.