Les travaux pour ouvrir une digue et provoquer une «inondation contrôlée» de la rivière Assiniboine, près de Portage la Prairie au Manitoba, ont débuté samedi matin.

L'eau menaçait quelque 150 maisons, mais l'exercice devrait permettre à des centaines d'autres d'être épargnées.

L'eau, qui s'étend lentement, devrait inonder 225 kilomètres carrés de terrain au sud-ouest de Portage la Prairie, une ville située à quelque 80 kilomètres à l'ouest de Winnipeg.

Au cours de la journée samedi, les autorités ont déclaré que les déplacements de l'eau étaient conformes à ce qu'ils avaient prévu.

Elle se répand à une vitesse de 1,6 km à toutes les six heures et devrait terminer son cours dans la rivière LaSalle dans une semaine.

Mais l'ouest du Manitoba n'est toujours pas sécuritaire. Le premier ministre de la province, Greg Selinger, a assuré que le secteur faisait l'objet d'une surveillance constante, du haut des airs et sur la terre, pour éviter une fuite catastrophique dans la digue.

«C'est du jamais vu», a-t-il expliqué après avoir patrouillé le secteur en hélicoptère samedi après-midi. «Le secteur n'a jamais été aussi inondé. Nous devons être vigilants.»

Toute la semaine, les habitants du secteur ont placé de nombreux sacs de sable autour de leurs propriétés, croisant les doigts pour que les autorités n'aient pas besoin d'ouvrir la digue.

Après avoir reporté leur décision plusieurs fois, les autorités ont creusé la digue samedi. La province dit avoir fait tous les efforts nécessaires pour protéger les maisons du secteur. Les résidences qui seront touchées par la montée des eaux en premier ont déjà été évacuées. En redirigeant l'eau, 500 kilomètres carrés de terrain et 850 maisons devraient être épargnés.

Le débit d'évacuation de l'eau est de 500 mètres cubes par seconde, un débit qui permettrait de remplir une piscine olympique toutes les trois minutes. Ce débit pourrait atteindre 3000 mètres cubes par seconde, selon le degré de résistance des digues autour de la rivière Assiniboine.

La province jonglait avec l'idée de procéder à cette «inondation volontaire» depuis près d'une semaine. Greg Selinger a déclaré que cette décision était la plus difficile qu'il n'ait jamais eu à prendre. Le premier ministre dit comprendre que les revenus de plusieurs habitants de Portage la Prairie dépendent de la fertilité de leurs terres, qui risque d'être affectée.

«Nous compenserons la population pour les dommages que l'eau a pu faire à leurs biens. Nous indemniserons les pertes de revenus et nous avons mis sur pied un programme pour renouveler le sol», a dit M. Selinger. «Nous voulons nous assurer que tout le monde puisse se relever après cet événement.»

Le préfet de Portage la Prairie, Kam Blight, a observé avec beaucoup de nervosité l'évolution de la situation dans la dernière semaine. Maintenant que la digue a été ouverte, il se dit un peu plus confiant.

«Nous avons pris le contrôle de la situation», a-t-il dit. «Pour l'instant, je suis content de ce que je vois.»

Doug McMahon, d'Infrastructure et Transports Manitoba, a dit que les autorités surveillaient la situation de près et qu'ils redirigeront l'eau si cela devient nécessaire. Il a ajouté qu'il était difficile d'évaluer le moment où l'eau allait atteindre les communautés avoisinantes, car la topographie de la région rend son débit difficile à prévoir.

Près de 1400 soldats et réservistes s'affairent à ajouter des sacs de sable et à renforcer la digue autour de la rivière Assiniboine. Son niveau d'eau record lui a valu le nom de la «pire inondation en 300 ans» de la part des autorités de la province. Depuis le début de l'année, 100 maisons ont été inondées au Manitoba.

Le ministre responsable des mesures d'urgence, Steve Ashton, a déclaré que le travail des troupes était très apprécié, car les Manitobains commencent à manquer d'énergie.

«La fatigue est omniprésente», a-t-il observé. «La population est épuisée.»