Le Congrès tamoul canadien se dit extrêmement préoccupé par des informations selon lesquelles Ottawa pourrait avoir joué un rôle dans l'arrestation de 155 migrants tamouls en Thaïlande pour les empêcher de prendre la mer vers le Canada.

Tout en reconnaissant que les détails demeuraient nébuleux, le porte-parole de l'organisme, David Poopalapillai, a indiqué que certains des migrants interceptés étaient dûment enregistrés auprès du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

Réagissant à des nouvelles à l'effet qu'Ottawa avait possiblement joué un rôle dans ces arrestations, M. Poopalapillai a fait remarquer que le Canada ne pouvait interchanger des réfugiés conformes au sens de la loi et des passeurs de clandestins. Le gouvernement fédéral a décidé d'adopter la ligne dure contre les migrants depuis l'arrivée du navire MV Sun Sea en eaux britano-colombiennes en août avec 492 personnes à son bord.

«Le Canada ne doit pas nier ses obligations internationales et faire faire son sale travail par des pays comme la Thaïlande», a affirmé mardi M. Poopalapillai.

Un porte-parole du ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, a répondu que le ministre ne pouvait ni confirmer ni infirmer ces informations.

Il a ajouté que le gouvernement fédéral ne pouvait se croiser les bras et observer passivement le Canada devenir une cible de choix pour des passeurs de clandestins qui profitent de la générosité du pays en ayant recours à des techniques de plus en plus sophistiquées.

Cherdchai Chaivaivid, conseiller et chef de la chancellerie de l'Ambassade royale thaï à Ottawa, a indiqué qu'il y avait eu des rencontres entre le Canada et la Thaïlande pour coordonner les efforts.

L'homme n'a toutefois pas donné d'informations spécifiques concernant une probable implication canadienne dans les arrestations.

Le Bureau des nouvelles nationales de la Thaïlande, le ministère des relations publiques du gouvernement, a annoncé que les migrants avaient été interceptés alors qu'ils cherchaient à obtenir l'asile dans un autre pays.

La Haute commission du Sri Lanka n'a pas retourné les appels pour obtenir plus de précisions.

Du côté du ministère des Affaires étrangères, la porte-parole Lisa Monette a donné peu de détails sur l'affaire, mardi.

«Nous sommes au courant d'une opération menée par les autorités thaïlandaises», a-t-elle déclaré.

«Le Canada est engagé auprès d'un certain nombre de pays dans la région, sur la question du trafic de migrants, et cela comprends la coopération avec les pays d'origine et de transits de ces personnes. Nous ne ferons pas de commentaires sur les questions opérationnelles qui pourraient compromettre toute opération en cours ou future.»

Ottawa a mis en place une démarche pour créer une nouvelle classe de demandeurs d'asiles - «l'arrivée de masse» - avec des règles de détention plus strictes pour les passeurs de clandestins.

Les migrants qui arrivent en larges groupes devront attendre deux semaines avant d'obtenir leur première audience de libération devant la Commission de l'immigration et du statut de réfugié. La première audience est présentement tenue dans un délai de 48 heures.