Après avoir engagé plus de 400 000$ pour la création d'aliments pour astronautes faits au Canada, le gouvernement fédéral a décidé de renoncer au programme, selon ce qu'a appris La Presse Canadienne.

En fait, un seul produit s'est retrouvé dans l'estomac d'astronautes après avoir survécu aux tests d'aliments en laboratoire de la NASA: le Canasnack, un petit biscuit sandwich à l'avoine.

À l'origine, l'idée était d'avoir des repas adaptés à la vie dans l'espace à temps pour le séjour à la Station spatiale internationale des astronautes canadiens Julie Payette et Bob Thirsk, en 2009. Le gouvernement fédéral désirait aussi éventuellement sustenter tous les astronautes de la planète.

Mais des documents obtenus par La Presse Canadienne en vertu de la Loi d'accès à l'information démontrent que des délais sont survenus durant la préparation du menu et à la suite de demandes pour de l'aide financière additionnelle.

Tout a commencé en décembre 2006, lorsque l'Agence spatiale canadienne (ASC) a conclu une première entente avec Agriculture et Agroalimentaire Canada afin de créer «de la nourriture savoureuse pour les voyageurs de l'espace».

L'ASC avait tout d'abord alloué 65 000 $, tandis que la contribution d'Agriculture et Agroalimentaire Canada s'élevait à près de 350 000 $.

L'agence spatiale espérait qu'un menu fait au Canada soit prêt en deux ans, approuvé par son homologue américain et servi dans tous les vols spatiaux des États-Unis.

Au départ, 11 produits canadiens ont été proposés, dont du pain de viande de bison, de la sauce aux champignons sauvages, du jus de légumes, de la soupe au boeuf et à l'orge et des biscuits à l'érable.

Cinq chefs cuisiniers ont été consultés pour le menu d'origine, lequel comprenait des aliments pour le déjeuner, le dîner et le souper. La collaboration de l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec a également été demandée pour aider à coordonner les repas

Mais plusieurs problèmes sont survenus en cours de route.

Par exemple, après avoir goûté à la sauce aux champignons sauvages, Bob Thirsk est parvenu à la conclusion que cette préparation devait être épaissie pour pouvoir accommoder des mets en microgravité.

En janvier 2008, Ted Farnworth, le scientifique en chef dans le programme, a indiqué que davantage d'aide pécuniaire et de temps seraient requis.

«Il est patent que nous avons largement sous-estimé le temps et les ressources nécessaires pour concevoir un menu pour une journée entière et le rendre disponible pour les vols», a admis M. Farnworth dans un courriel envoyé à l'un des coordonnateurs du projet.

Dans un courriel envoyé en décembre, M. Farnworth annonçait qu'il supprimerait graduellement sa recherche et qu'il ne travaillerait plus pour le programme d'aliments pour astronautes.

Natalie Hirsch, à qui incombait la responsabilité du projet au sein de l'ASC, a admis qu'à la fin de 2008, le temps manquait, et qu'il manquait même après que les chercheurs eurent décidé de revoir le menu à la baisse.

«Lorsque nous avons pris conscience qu'il fallait plus de temps que ce que nous avions prévu pour optimiser ces aliments pour des vols de longue durée, et que les missions de Bob Thirsk et de Julie Payette approchaient à grand pas, nous avons décidé de suspendre la création des nouveaux aliments», a-t-elle expliqué durant une entrevue avec La Presse Canadienne.

Les initiateurs du projet avaient établi plusieurs critères à respecter: les aliments devaient comporter le plus possible d'ingrédients canadiens, être bons pour la santé et savoureux, et devaient être approuvés par la NASA.

Mais au bout du compte, seuls les petits biscuits Canasnack ont refusé de se laisser abattre par les difficultés.