Le 11 janvier, 46 des 47 employés de Droits et Démocratie ont écrit à Stephen Harper pour réclamer la démission d'Aurel Braun, de Jacques Gauthier et d'Elliott Tepper, qu'ils accusent d'avoir harcelé leur patron.

De nombreuses voix ont depuis appelé Ottawa à tenir une enquête sur cette crise. Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, serait sur le point d'annoncer une décision dans ce dossier. Selon sa porte-parole Catherine Loubier, il juge «inacceptable» le fait de scruter les origines ethniques d'un groupe d'employés.

 

Pour Edward Broadbent, qui a présidé Droits et Démocratie au moment de sa création, en 1988, l'organisme a été l'objet «d'une attaque contre son intégrité en tant qu'agence indépendante vouée à la défense des droits humains».

L'ex-leader du NPD ne mâche pas ses mots au sujet d'Aurel Braun et de Jacques Gauthier. Selon lui, ce dernier, qui est président intérimaire de l'organisme, est indigne d'exercer ce rôle en raison de ses opinions controversées sur Jérusalem.

Ce qui choque surtout M. Broadbent, c'est que, avec leur évaluation secrète du travail de Rémy Beauregard et leurs remarques sur les origines ethniques et la confession religieuse du personnel, les dirigeants de Droits et Démocratie aient «grièvement violé» les libertés qu'ils sont censés défendre.

«Ça défie l'imagination!», conclut-il.

Jacques Gauthier n'a pas rappelé La Presse, qui lui a laissé plusieurs messages. Aurel Braun, lui, a accusé ses critiques d'avoir «fabriqué une crise» en menant une «méchante campagne de désinformation».

Droits et Démocratie

Fondé en 1988 par le gouvernement de Brian Mulroney, le centre Droits et Démocratie est une agence indépendante vouée à la défense des droits et à la promotion des pratiques démocratiques.

Son président et son conseil d'administration sont nommés par le gouvernement. Elle a pour mandat de veiller au respect des conventions et des chartes internationales. Les nominations au conseil sont soumises aux partis de l'opposition - qui ont d'ailleurs approuvé tous les candidats qui se trouvent aujourd'hui au coeur de la controverse, souligne Catherine Loubier, porte-parole du ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon.

Doté d'un budget de 11 millions, Droits et Démocratie se consacre à la défense des droits des femmes et des peuples autochtones et à des projets de soutien à la démocratie. Il est présent dans plusieurs pays africains et latino-américains ainsi qu'en Afghanistan.

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La crise en dates

Mars 2009

Aurel Braun accède à la présidence du CA de Droits et Démocratie.

Juin 2009

Lors d'une réunion du CA, le président Rémy Beauregard réplique à un rapport d'évaluation négatif dont il a pu prendre connaissance après une longue bataille. Le conseil d'administration rejette le rapport et renvoie le comité d'évaluation à ses devoirs.

Octobre 2009

Aurel Braun annule la réunion prévue du conseil.

Janvier 2010

6 janvier: Le comité d'évaluation rencontre enfin Rémy Beauregard et, selon des proches de ce dernier, maintient l'essentiel de ses critiques à son égard.

7 janvier: Réunion houleuse du CA. Rémy Beauregard meurt la nuit suivante, à l'âge de 67 ans.

11 janvier: Les employés de Droits et Démocratie réclament la tête de trois administrateurs, dont le président du conseil, Aurel Braun. Trois cadres sont ensuite suspendus de leurs fonctions.

Février 2010

Le conseil d'administration de Droits et Démocratie décide de fermer le bureau de Genève, malgré un rapport qui le juge très positivement.