Andrew Wolfe Burroughs s'attendait à être la cible d'un lanceur de chaussures lorsqu'il s'est présenté sur scène, samedi, sur les plaines d'Abraham, à l'occasion du Moulin à paroles.

Le descendant du général James Wolfe a plutôt été applaudi par la foule de quelques milliers de personnes après avoir lu des lettres et des ordres transmis par son aïeul pendant le siège de Québec, à la veille de la défaite des troupes de Montcalm, en 1759.

Au terme de sa lecture, le Britannique a avoué s'être senti nerveux avant de monter sur les planches, compte tenu de la controverse et des tiraillements entre souverainistes et fédéralistes suscités par le Moulin à paroles.

«C'était un peu énervant d'être la voix anglaise isolée et je n'aurais pas été surpris de voir des chaussures lancées dans ma direction, comme c'est arrivé à Georges W. Bush, mais heureusement, j'ai été accueilli avec la politesse typique des Québécois», a-t-il dit en souriant, manifestement soulagé.

M. Wolfe Burroughs, qui était accompagné à Québec par Georges Savarin de Marestan, de la lignée de Louis Joseph de Montcalm, a salué la valeur «historique, culturelle et éducative» du Moulin à paroles.

Du même souffle, il a condamné le ton outrancier d'une certaine presse opposée à l'événement.

«Je suis très satisfait. L'activité se déroule comme me l'avaient assuré les organisateurs non pas comme l'ont avancé certaines radios et journaux», a-t-il souligné.

Commencé à 15 h, samedi, par un temps splendide, le Moulin à paroles tournera jusqu'à 15 h, dimanche.

Plus de 140 textes, pour la plupart célébrant la survivance du français et la naissance du nationalisme québécois, auront été lus par autant de personnalités sur une période de 24 heures.

À l'origine de la controverse entourant l'événement, le manifeste du Front de libération du Québec (FLQ) devait être lu en toute fin de soirée samedi par l'animateur et chanteur Luck Mervil.

La récitation du message des terroristes felquistes responsables de l'enlèvement du diplomate James Richard Cross a soulevé l'indignation du gouvernement libéral de Jean Charest.

Par la voix de son ministre responsable de la Capitale Nationale, Sam Hamad, le gouvernement a désavoué le Moulin à paroles, outré par la lecture d'un document portant la marque du terrorisme.

Du reste, la plupart des ténors fédéralistes de même que le maire Régis Labeaume ont boudé l'activité, si bien que le Moulin à paroles, supposément «pluriel», a pris des airs de grand'messe souverainiste.

En outre, l'ex-premier ministre péquiste Bernard Landry a reçu une ovation de l'assistance lorsqu'il a lu, avec émotion, la dernière lettre de Chevalier De Lorimier avant son éxécution par les Anglais.

La leader du Parti québécois Pauline Marois et le chef du Bloc Gilles Duceppe étaient aussi du nombre des personnalités invitées.

Parmi les textes inscrits à l'agenda figuraient le Rapport de Lord Durham, la lettre à Robert Bourassa, de Pierre Laporte, la Déclaration d'indépendance du Bas-Canada, la déportation des Acadiens, la guerre des Patriotes, et le Discours après l'éxécution de Louis-Riel.