Alors que le Danemark vient de s'ajouter au groupe des nations ayant fait part de leurs intentions de renforcer leur présence militaire dans l'Arctique, des experts craignent que cette escalade augmente les risques de conflit dans la région.

«La question est de savoir si ces gestes, qui reposent sur une espèce de méfiance et la crainte quant à ses propres possessions, peuvent s'accumuler de façon à mener à un Arctique conflictuel», a affirmé Franklyn Griffiths, auteur et professeur à la retraite de l'Université de Toronto.

«C'est inquiétant», a-t-il ajouté.

La semaine dernière, le Danemark a rendu public un exposé de position laissant prévoir d'importantes améliorations aux capacités nordiques du pays.

Dans le document, Copenhague avance qu'il devrait mettre sur pied une force militaire combinant des actifs de l'armée de terre, de la marine et de l'aviation, avec des hélicoptères en mesure de transporter des troupes à tout endroit. Des avions de combat danois pourraient effectuer des patrouilles dans l'espace aérien groenlandais.

Les systèmes de surveillance devraient être modernisés et les navires de surveillance, remplacés. Une nouvelle structure de commandement devrait en outre être mise en place dans la région.

«Le réchauffement de la planète devrait faire fondre (la glace marine) et cela donnerait lieu à une activité accrue dans la région de l'Arctique», a indiqué le brigadier-général Joergen Jacobsen, attaché militaire du Danemark au Canada.

Le Danemark n'est pas le seul pays intéressé par l'Arctique.

La Russie a annoncé avoir l'intention de créer une unité de forces spéciales pour l'Arctique. Elle s'est également lancée dans un ambitieux programme de brise-glaces, a promis de moderniser sa flotte nordique et a envoyé des bombardiers à grand rayon d'action jusqu'aux limites aériennes de plusieurs des pays de l'Arctique.

L'an dernier, la Norvège a choisi d'acheter 48 avions de chasse Lockheed F-35 en partie parce qu'ils sont adaptés aux missions dans l'Arctique.

Dimanche, le ministre canadien des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a minimisé les risques de conflit dans la région.

«Je ne crois pas que nous devrions parler d'affrontement, a-t-il déclaré. En fait, ce n'est pas ce que nous voulons faire, pas plus que ne le veulent les autres partenaires et membres du Conseil de l'Arctique.»