Brian Mulroney est devenu émotif en évoquant les impacts de l'affaire Airbus sur sa famille et le commissaire Oliphant a décidé de suspendre les travaux jusqu'à 14h, le temps de dîner et de permettre au témoin de reprendre ses esprits.

L'ancien premier ministre devient ainsi le deuxième témoin à voir ainsi ses émotions prendre le dessus à la commission Oliphant chargée de faire la lumière sur ses relations d'affaires avec l'homme d'affaires Karlheinz Schreiber.

Il y a deux semaines, l'ancien chef de cabinet de M. Mulroney, Fred Doucet, avait fondu en larmes. L'avocat de Brian Mulroney, Guy Pratte, l'a questionné pendant près d'une demi-heure sur la lettre envoyée par la GRC aux autorités suisses en 1995, et qui accusait l'ancien premier ministre de corruption.

Après plusieurs minutes, M. Mulroney a commencé à avoir de la difficulté à répondre. «Ça a été extrêmement pénible», a-t-il lancé, avant de faire une pause, la gorge étreinte par l'émotion.

L'interrogatoire s'est poursuivi pendant un peu plus d'une minute, puis Me Pratte est revenu à la charge, après avoir consulté ses confrères : «C'est évident que ce n'est pas facile pour vous. Alors je vais juste vous demander si vous sentez qu'il est approprié de décrire plus en détails l'impact sur votre famille. Et si vous n'en avez pas envie, ce sera correct», a-t-il offert.

Il a tenté de le faire, mais le commissaire Oliphant est intervenu. «Je comprends que c'est difficile pour vous, M. Mulroney. Laissez-moi vous dire que j'ai une bonne compréhension des impacts que la lettre de demande d'assistance a eu non seulement sur vous, mais sur Mme Mulroney et vos enfants.»

«M. le commissaire, Nicolas avait dix ans. Et il...» a-t-il dit avant de s'étouffer dans ses sanglots.

«Merci», a-t-il péniblement articulé avant de se taire.

Quelques minutes plus tard, sur le site web de M. Mulroney, ses porte-parole ont expliqué l'incident en disant que c'est la vue de deux journalistes en train de rire qui l'ont amené à réagir de la sorte. Il a comparé ces deux journalistes, Harvey Cashore de CBC et Greg McArthur du Globe and Mail, à des enfants d'école. Ces deux journalistes enquêtent sur l'affaire Airbus de manière soutenue depuis plusieurs années, et ce n'est pas la première fois que l'équipe de communications de Brian Mulroney ou M. Mulroney lui-même s'en prennent expressément à eux ou à l'entreprise de presse pour laquelle ils travaillent. Tous deux ont nié ces allégations.

L'interrogatoire de Me Pratte doit reprendre cet après-midi. On s'attend à ce qu'il le termine rapidement. Le très attendu contre-interrogatoire de l'avocat principal de la commission, Richard Wolson, pourrait ne pas commencer avant demain matin.

Plus tôt mercredi matin, M. Mulroney a donné un aperçu des services qu'il dit avoir rendus à Karlheinz Schreiber en contrepartie des paiements de 225 000 à 300 000 dollars en argent comptant, dans les mois qui ont suivi son départ du poste de premier ministre.

Il a contredit Karlheinz Schreiber, qui avait affirmé dans son témoignage que jamais M. Mulroney ne lui avait rendu de comptes de ses activités. Le témoin a déclaré qu'au contraire, il lui avait fait part de ses démarches auprès de dirigeants russes, chinois, français et européens, lors de leurs deux dernières rencontres dans des hôtels de Montréal et de New York.