Guy Lafleur restera chevalier de l'Ordre du Québec malgré sa condamnation pour outrage au tribunal. Le premier ministre Jean Charest a fait savoir hier qu'il ne retirera pas cette prestigieuse distinction à l'ancien numéro 10 du Canadien de Montréal.

«Il a eu une contribution exceptionnelle au Québec, notamment dans sa carrière de hockeyeur, a indiqué le porte-parole du premier ministre, Hugo D'Amours. Ce n'est pas vrai que la vie de Guy Lafleur se résume à un seul événement. Il n'est donc pas de l'intention du premier ministre de le radier de l'Ordre national du Québec.»La Presse a révélé hier qu'un comité planchait sur une recommandation à remettre au premier ministre dans ce dossier. La Loi sur l'Ordre national du Québec prévoit qu'un membre peut en être radié s'il est reconnu coupable d'un crime.

Mais peu importe les recommandations du comité, Guy Lafleur conservera la distinction qu'il a reçue des mains de Jean Charest en 2005. Le règlement prévoit que c'est le premier ministre qui a le dernier mot en la matière.

Or, «le premier ministre n'a pas l'intention de radier Guy Lafleur de l'Ordre national», a affirmé Hugo D'Amours.

Le 1er mai, l'ancien ailier droit a été reconnu coupable d'avoir fait des témoignages contradictoires lors de l'enquête sur la mise en liberté de son fils Mark, en septembre et octobre 2007. Il avait agi ainsi pour aider son fils à sortir de prison.

L'Ordre du Canada en cause

Lafleur sera de retour en cour le 18 juin pour connaître sa peine, mais ses ennuis ne s'arrêteront pas là. Il pourrait encore être radié de l'Ordre du Canada, dont il a été fait officier en 1980.

Un comité piloté par la juge en chef du Canada, Beverley McLachlin, se penchera sur son dossier dans les prochaines semaines. Ce comité, appelé Conseil consultatif, pourrait recommander à la gouverneure générale, Michaëlle Jean, de destituer Lafleur. La Constitution de l'Ordre prévoit en effet qu'un membre peut être radié s'il est reconnu coupable d'un acte criminel.

Contrairement à l'Ordre du Québec, aucun politicien élu à la Chambre des communes ne joue un rôle dans le processus de décision.

«Dans la procédure, il y a plusieurs étapes avant d'arriver à la révocation, explique la porte-parole de l'institution, Lucie Caron. La pratique a été d'attendre que tout le processus judiciaire soit terminé avant que le Conseil consultatif se prononce.»

Trois membres de l'Ordre du Canada ont été révoqués depuis 1967. Il s'agit de l'ancien patron de l'Association des joueurs de la Ligue nationale de hockey, Alan Eagleson, condamné pour fraude, de David Ahenakew, radié après avoir publié un livre jugé antisémite, et de T. Sher Singh, un avocat qui a été radié du barreau de l'Ontario pour une faute professionnelle grave dans un dossier de divorce.