Alors que plusieurs grands noms des causes humanitaires seront à Montréal le mois prochain pour le troisième Sommet du millénaire, le gouvernement fédéral brille toujours par son absence.

C'est ce qu'a déploré hier matin le président fondateur du Sommet, Daniel Germain.

«C'est un gouvernement qui n'est pas proactif comme ceux auxquels nous avons été habitués dans le passé. Pas seulement dans mon domaine. Je pense qu'il y a beaucoup de gens qui se sentent désolés de ce gouvernement-là. Et on est de ceux-là», a-t-il déclaré à propos du gouvernement Harper en entrevue à La Presse.

 

Le Sommet du millénaire, qui se tiendra les 15 et 16 avril au Palais des congrès de Montréal, est une grande conférence où se rencontrent artistes, politiciens, activistes, philanthropes, etc. qui cherchent des solutions aux grands défis du 21e siècle tels l'extrême pauvreté, la faim dans le monde, le développement durable, la santé des populations vulnérables et à risque.

L'initiative découle d'une rencontre tenue aux Nations unies en 2000 et où la majorité des pays de la planète s'étaient entendus sur une série d'objectifs à atteindre d'ici 2015.

En novembre 2007, le Sommet avait attiré une brochette de vedettes, dont l'ancien président américain Bill Clinton. Cette année, on attend entre autres la duchesse d'York, Sarah Ferguson, la première musulmane Prix Nobel de la paix, Shirin Ebadi, l'actrice Mia Farrow et l'économiste de renom Jeffrey Sachs. S'ajoutent plusieurs Québécois dont Sylvie Bernier, Dan Bigras, le docteur Gilles Julien et Patrick Huard.

Quant au gouvernement fédéral, il ne faisait pas partie, du moins hier, des partenaires de la rencontre. La déception de Daniel Germain, aussi fondateur du Club des petits déjeuners, est vive.

«On bénéficie d'une présence extraordinaire des gouvernements provincial et municipal, dit-il. Le fédéral se pointe à la dernière minute. Elle était là, la ministre de l'ACDI (Bev Oda), l'année dernière. Mais entre ça, ils font leur chemin seuls. Et on trouve cela dommage.»

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, déplore aussi cette absence. «Il faut absolument que notre partenaire privilégié dans ce cas-là, le gouvernement fédéral, fasse des efforts supplémentaires, a affirmé le maire, qui faisait référence au fait qu'Ottawa consacre 0,34% du PIB à l'aide internationale alors que l'objectif est de 0,7%.

Au cabinet de la ministre, on nous répond avoir reçu une invitation pour une brève allocution à l'ouverture mais que la décision finale n'a pas été prise. «Mme Oda y était en novembre 2007. C'est impossible d'aller à toutes les rencontres, laisse tomber Jean-Luc Benoît, directeur des communications du cabinet de la ministre.

Notoriété acquise

Cela dit, M. Germain se réjouit de la notoriété que le sommet montréalais a acquise.

La première année, constate-t-il, la rencontre a su capter l'attention médiatique. La deuxième année, l'actrice Mia Farrow, de passage à Tout le monde en parle, avait dénoncé la participation du réalisateur Steven Spielberg comme conseiller pour les cérémonies d'ouverture et de fermeture des Jeux olympiques de Pékin. Selon elle, la Chine finançait alors le génocide au Darfour. Deux mois plus tard, Spielberg s'est retiré.

Cette année, il y aura beaucoup de contenu et beaucoup de décideurs en ville, poursuit M. Germain en énumérant les grandes personnalités qui seront de passage à Montréal. «Ces gens-là, avant, on n'était pas capables de les inviter. Maintenant, ils viennent.»

Ainsi, le directeur de la campagne des objectifs du millénaire, Salil Shetty, sera à Montréal pour remettre un prix. «Il y a une crédibilité qui s'installe, se réjouit M. Germain. Les gens se disent que c'est un endroit où ils doivent aller parce que des décisions seront prises.»