L'une des deux seules mines d'amiante au Canada a fermé ses portes pour l'hiver -et peut-être définitivement.

Branchée sur le respirateur artificiel depuis des années, la mine Jeffrey d'Asbestos a fermé le 1er novembre pour une période indéterminée. Les 271 employés de la mine ont été mis à pied, au moins jusqu'au printemps. «Il pourrait ne pas y avoir de reprise», admet Gaétan Rosa, vice-président aux ressources humaines de la mine. «Les travailleurs mis à pied n'ont aucune garantie d'être rappelés.»

 

Bien que l'humeur soit morose parmi les travailleurs licenciés, il ne s'agit pas d'une surprise. «La mine est sous la loi de la protection de la faillite depuis octobre 2002 et depuis ce temps, nous sommes en sursis», dit Rodrigue Chartier, président du Syndicat national de l'amiante d'Asbestos. «On ne sait pas ce qui va se passer, mais l'espoir demeure.»

Dans les années 70, la mine Jeffrey employait 2700 mineurs. Et l'amiante était appelé «l'or blanc» du Canada. Le déclin de l'industrie s'explique par l'interdiction de la fibre dans la plupart des pays industrialisés et par «la campagne anti-amiante qui a été menée partout dans le monde», selon François Vaudreuil, président de la Centrale des syndicats démocratiques.

La seule autre mine encore en exploitation au Canada est Lab Chrysotile de Thetford Mines, qui emploie environ 500 personnes.

L'Organisation mondiale de la santé prône l'interdiction de l'amiante chrysotile, un produit cancérigène. Le Canada, qui exporte 95% de sa production, continue pourtant à promouvoir cette fibre à l'étranger. La semaine dernière à Rome, il était parmi une poignée de pays producteurs ayant réussi à empêcher l'inscription de l'amiante chrysotile à la liste de produits toxiques de la Convention de Rotterdam.