La fraudeuse qui avait évité la prison, après avoir commis un crime «répugnant» aux dépens d'une dame âgée, a finalement été envoyée pour six mois derrière les barreaux cet après-midi, parce qu'elle a violé les conditions de sa détention à domicile.

La fraudeuse qui avait évité la prison, après avoir commis un crime «répugnant» aux dépens d'une dame âgée, a finalement été envoyée pour six mois derrière les barreaux cet après-midi, parce qu'elle a violé les conditions de sa détention à domicile.

Anita Obodzinski s'est fait passer les menottes dès que le juge Dennis Galiatsatos a terminé la lecture de son jugement de 34 pages, au Palais de justice de Montréal.

Le juge a souligné à plusieurs reprises à quel point son crime était grave, qu'elle avait agit comme un «prédateur et un parasite», avec un «égoïsme impitoyable», pour commettre avec ses complices une fraude «ignoble», qui a «détruit la vie d'une personne âgée».

L'accusée a d'abord reçu «une sentence extrêmement indulgente et très inférieure à ce qu'elle aurait mérité. En dépit des suggestions des deux parties, selon moi, une sentence fédérale de plus de deux ans aurait été appropriée», a noté le magistrat.

Anita Obodzinski purgeait une peine de deux ans à domicile après avoir été reconnue coupable de fraude, en janvier 2018.

En fuite avec son déambulateur

La Presse avait révélé en 2015 comment Veronica Piela, 90 ans, avait été retrouvée par la police en robe de nuit avec son déambulateur, sur le trottoir, en plein hiver, alors qu'elle s'enfuyait de la résidence où elle avait été placée contre son gré par les fraudeurs.

Anita Obodzinski, se faisant passer pour sa nièce, s'est acoquinée avec une travailleuse sociale, Alissa Kerner, qui a obtenu d'un médecin, Lindsay Goldsmith, un faux certificat d'inaptitude.

L'avocat Charles Gelber, mari de la travailleuse sociale, a fait homologuer le faux mandat d'inaptitude par la cour, avant de vider le compte de la vieille dame et de remettre 100 000$ à Obodzinski. Il a ensuite obtenu un jugement pour faire placer Mme Piela sans son consentement dans une résidence privée, où il lui était interdit de communiquer avec qui que ce soit.

À la suite de sa fuite, une enquête a été ouverte, et deux des fraudeurs ont été traduits en justice en 2018. Mme Piela est décédée en décembre 2016.

Arthur Trzciakowski, le conjoint d'Anita Obodzinski, a aussi été accusé de fraude et condamné à 170 heures de travaux communautaires. Alissa Kerner a été radiée pour trois ans de l'Ordre des travailleurs sociaux et, accusée au criminel, s'en est tirée avec une absolution et un paiement de 2000$.

L'avocat Charles Gelber a été radié pour 18 mois par le Conseil de discipline du Barreau, mais n'a pas été accusé au criminel, pas plus que la Dr Lindsay Goldsmith, qui n'a pas non plus été sanctionnée par le Collège des médecins.

Anita Obodzinski était absente de chez elle à deux reprises, l'été dernier, lorsque son agent de probation a tenté de la joindre, alors qu'elle n'avait pas le droit de quitter la maison, sauf pour aller travailler.

Le juge Galiatsatos a souligné qu'elle avait fait des déclarations malhonnêtes et invraisemblables à la cour, pour expliquer pourquoi elle n'avait pas pu répondre aux appels.

Elle n'a jamais reconnu ses torts et n'a jamais exprimé de remords, ni pour la fraude, ni pour avoir violé les conditions de son assignation à résidence, a-t-il aussi fait valoir.

L'accusée a toujours parlé de ses crimes comme de simples «erreurs» , alors qu'ils étaient très sérieux. «Il est difficile de concevoir une conduite plus abominable qui ne mènerait pas à une peine d'incarcération», a noté le juge.

«Les peines avec sursis ne doivent pas être prises à la légère. Cela est nécessaire pour renforcer la confiance du public envers le système de sentences conditionnelles, a aussi dit le juge. Une sentence conditionnelle est une peine de prison.»

Selon lui, la suggestion du ministère public, qui était d'accord pour demander une peine avec sursis, «était inappropriée et inacceptable» dans les circonstances.