Michel Cadotte transportait sur lui une seringue, depuis un certain temps, afin de pouvoir administrer à sa conjointe Jocelyne Lizotte, atteinte d'Alzheimer, un produit qui mettrait fin à ses jours.

Il avait confié au frère de sa femme, Sylvain Lizotte, qu'il «voulait s'en servir pour Jocelyne».

«Je lui ai dit que ce n'était pas une bonne idée», a dit M. Lizotte, qui rapporte que son beau-frère était «frustré» depuis qu'il avait su que son épouse ne respectait pas les critères pour recevoir l'aide médicale à mourir.

Perdre en même temps sa soeur et son meilleur ami a été très éprouvant pour lui, a-t-il ajouté.

Sylvain Lizotte témoignait aujourd'hui au palais de justice de Montréal, au procès de Michel Cadotte, accusé du meurtre non-prémédité de son épouse, le 20 février 2017 au CHSLD Émilie-Gamelin.

Un baiser sur le front

Des policiers qui sont intervenus lors des événements ont aussi été appelés à la barre des témoins.

Michel Cadotte était assis sur le lit de sa conjointe décédée et lui flattait les cheveux lors de l'arrivée des premiers agents, a rapporté Mathieu Bélanger, du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Sa coéquipière et lui sont restés saisis quelques instants en voyant la scène à leur entrée dans la chambre, avant de demander à M. Cadotte de se lever.

«Il a continué à flatter les cheveux de sa femme pendant quelques secondes, puis il lui a donné un bec sur le front, avant de se lever et de venir vers nous», a relaté le policier.

«Il s'est retourné et nous a présenté ses poignets pour qu'on les menotte dans son dos. On lui a passé les menottes en lui disant qu'il était en état d'arrestation pour meurtre et en lui disant ses droits.»

L'accusé a collaboré avec les policiers au moment de son arrestation. Il avait avoué quelques minutes auparavant, à l'infirmière-chef du département, avoir étouffé sa femme avec un oreiller.

Menotté, Michel Cadotte a passé 30 minutes dans la voiture des policiers, le temps que les procédures d'arrestation soient complétées. Il est resté silencieux tout ce temps.

«Mais à un certain moment, dans l'auto, il s'est mis à pleurer beaucoup. On entendait des sanglots. Tellement que ma collègue est allée lui enlever ses lunettes, parce qu'il ne pouvait pas le faire lui-même», a souligné le policier.

«On n'a pas beaucoup parlé ma collègue et moi, sauf qu'on s'est dit, en route vers le centre opérationnel, que c'était une bien triste histoire.»

Manoeuvres de réanimation

Une autre policière, arrivée sur les lieux quelques minutes après l'appel d'urgence, a raconté qu'elle avait effectué des manoeuvres de réanimation sur Mme Lizotte.

Ensuite, les pompiers, qui sont les premiers répondants, ainsi que les ambulanciers ont poursuivi les manoeuvres, pendant environ 30 minutes, tandis qu'un autre policier cherchait un défibrillateur cardiaque dans l'établissement.

«Comme vous étiez dans un hôpital, vous n'avez pas pensé à demander à des infirmières ou des médecins de faire les manoeuvres de réanimation ?», a demandé la juge Hélène Di Salvo à la policière.

«Vous n'avez pas été avisé qu'il y avait un formulaire demandant de ne pas réanimer Mme Lizotte ?», a demandé le procureur de la Couronne, Antonio Parapuf, à un autre agent qui témoignait.

Les policiers ont été informés plus tard du document demandant de ne pas réanimer la victime, a expliqué l'agent du SPVM Sylvain Martineau.

«Mais pour moi, ce document n'était pas admissible, compte tenu des circonstances, a-t-il dit. Ce n'était pas une mort naturelle, il y avait eu un acte criminel. Notre première mission est de protéger la vie et de prodiguer les premiers soins aux personnes qui en ont besoin.»