Malgré ses dénégations pendant toute la durée du procès, le prêtre catholique Brian Boucher a été reconnu coupable, hier, d'avoir agressé sexuellement un jeune garçon qui servait la messe dans sa paroisse Our Lady of Annunciation, à Mont-Royal, alors qu'il avait entre 12 et 15 ans.

Les agressions se sont produites de 2008 à 2011, dans la chambre à coucher du prêtre, au presbytère de la paroisse. Elles ont commencé par des attouchements, pour ensuite mener à du sexe oral et à des relations anales.

La juge Patricia Compagnone a déterminé que le témoignage de la victime, maintenant dans la vingtaine, était plus crédible que celui de l'accusé de 56 ans.

Le jeune homme a relaté les événements avec l'attitude d'une « victime qui essaie de raconter la vérité, et qui est profondément perturbée par les agressions », a souligné la magistrate dans son jugement rendu au palais de justice de Montréal.

Brian Boucher, par contre, tentait d'éviter de répondre aux questions des avocats pendant son témoignage, répétant que les agressions n'avaient pas pu se produire parce qu'il y avait toujours des gens à l'église et autour.

L'avocat de l'accusé, Me James Cocciardi, a aussi tenté, pendant le procès, d'attaquer la crédibilité de la victime en affirmant que le jeune homme n'avait pas donné assez de détails au sujet des agressions.

« Derrière des portes closes »

La juge Compagnone a réfuté cet argument en détaillant tous les gestes faits par le prêtre et rapportés au cours du témoignage de la victime.

« La cour a-t-elle réellement besoin de rappeler que les agressions sexuelles sont presque toujours commises en secret derrière des portes closes ? », a demandé la juge.

Après les agressions sexuelles, Brian Boucher amenait parfois l'adolescent à l'église en lui disant qu'il devait se confesser parce qu'il avait commis un péché. Mais pour lui-même, il n'y avait pas de problème parce qu'il était prêtre, aurait-il dit au garçon.

« L'accusé est un adulte, une figure d'autorité importante, un représentant de l'Église, admiré par les paroissiens, vénéré par la communauté », alors que la victime était un adolescent soumis à son autorité et à celle de ses parents, qui craignait d'être puni s'il parlait des agressions, a aussi souligné la juge.

Un autre procès, deux autres plaignants

Le témoignage de la victime a été appuyé par celui d'un autre jeune homme, maintenant dans la trentaine, qui soutient avoir été agressé sexuellement par Brian Boucher entre 1995 et 1999, alors que le prêtre était curé de la paroisse St. John Brébeuf, à LaSalle.

Le prêtre doit d'ailleurs avoir un second procès, à partir du 21 janvier, pour répondre à d'autres accusations d'agressions sexuelles à l'encontre de deux autres plaignants.

Au cours de sa carrière, il a aussi été en poste dans d'autres églises à Montréal, Dorval et Senneville, en plus d'être aumônier à l'Université McGill.

Les avocats des deux parties feront valoir le 25 mars leurs arguments en vue de déterminer la peine à imposer au prêtre. La procureure de la Couronne, Me Annabelle Sheppard, a déjà fait savoir qu'elle avait l'intention de réclamer une peine de pénitencier, donc plus de deux ans derrière les barreaux.

Pour le moment, Brian Boucher est libre, comme il l'a été pendant toute la durée des procédures.

L'Archevêché de Montréal a rappelé qu'il n'officiait plus comme prêtre depuis le jour où des accusations ont été déposées contre lui.

Le verdict d'hier « provoque une gamme de sentiments, tant chez les paroissiens que chez les responsables de l'Église, y compris les évêques et les prêtres : honte, dégoût et colère, mais aussi désarroi, tristesse et compassion », ont indiqué les autorités ecclésiastiques dans un communiqué, en saluant le courage des victimes qui ont porté plainte.