L'Outremontois Pierre Lacerte, poursuivi en diffamation par trois membres de la communauté hassidique, se défend d'être antisémite. Une accusation qui, selon lui, cause plus de tort que celle de pédophilie.

«Il n'y a pas beaucoup de choses qui soient aussi dommageables pour la réputation de quelqu'un, a-t-il dit hier, au troisième jour du procès. Même la pédophilie n'est pas aussi dommageable que ça.»

L'homme d'affaires Michael Rosenberg, son fils Martin et Alex Werzberger réclament 375 000 $ à l'ex-journaliste Pierre Lacerte. Ce dernier les poursuit en dommages pour 725 000 $.

Pierre Lacerte, qui a notamment travaillé aux magazines L'actualité et Affaires PLUS, soutient que, depuis trois ans, il n'arrive pas à trouver un emploi dans le domaine des communications. «Même si j'ai gain de cause, il y a toujours du monde qui va m'associer à l'antisémitisme», a dit l'homme de 58 ans.

Contrairement à ce qu'ont affirmé les trois demandeurs, Pierre Lacerte assure qu'il n'est pas antisémite. Il se décrit comme un «laïc» qui a visité 75 pays. «J'ai une avocate que j'adore, qui est non seulement juive, mais juive israélienne», a-t-il dit à titre d'exemple.

Ses différends avec des membres de la communauté hassidique ont débuté en 2003, lorsqu'il a constaté que des travaux étaient réalisés sans permis dans la synagogue devant chez lui. Il a aussi commencé à prendre des photos des voitures garées en double dans sa rue.

«Mon intention a toujours été de m'assurer que les lois et règlements soient respectés par tout le monde et qu'on ne soit pas plus frileux face à certaines personnes», a-t-il dit.

En octobre 2007, Pierre Lacerte a remis au conseil municipal un dossier pour demander la destitution de Michael Rosenberg d'un comité de l'arrondissement. Il y compilait les infractions de stationnement de M. Rosenberg et les constats remis aux administrateurs de la synagogue, cofondée par le père de M. Rosenberg.

Quelques semaines plus tard, Michael Rosenberg, président de la société immobilière Rosdev, lui a envoyé une mise en demeure lui réclamant 100 000 $. Pour «se défendre», Pierre Lacerte a créé un blogue. Il y parle, entre autres choses, d'accommodements «déraisonnables» et des «problématiques du puritanisme extrême».

Contre-interrogatoire

En contre-interrogatoire, l'avocat des demandeurs, Me Julius Grey, a souligné que ses clients n'étaient pas responsables de la synagogue de la rue Hutchison lorsque les travaux que dénonce M. Lacerte y ont été réalisés. «La seule illégalité que vous pouvez reprocher avec preuves aux trois demandeurs, c'est le stationnement en double, qu'ils ont admis, de temps en temps?», a demandé Me Grey. Pierre Lacerte lui a donné raison.

Le procès se poursuit aujourd'hui.