Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a procédé à l'arrestation d'un suspect un peu plus tôt vendredi en lien avec le meurtre et la tentative de meurtre survenus jeudi soir dans l'arrondissement Saint-Léonard.

Les enquêteurs des Crimes majeurs et le Groupe tactique d'intervention du SPVM ont mis la main au collet d'un homme de 44 ans qui se trouvait au moment de son arrestation à Napierville en Montérégie.

Le suspect est pour l'heure incarcéré et doit être rencontré par les enquêteurs. Selon nos informations, les autorités mèneraient actuellement des perquisitions dans la foulée de cette arrestation.  

Jeudi soir, un homme de 53 ans, Guy Therrien, lié au crime organisé, a été tué par balle dans un local commercial de Saint-Léonard. M. Therrien possédait des antécédents de stupéfiants.

En outre, M. Therrien avait été arrêté et accusé en 2012 dans une importante enquête de la section des produits de la criminalité de la Division du crime organisé du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) visant à démanteler un prolifique réseau de distribution de cocaïne relevant de la mafia montréalaise.

Vers 20 h 25 jeudi, un jeune homme de 21 ans qui accompagnait vraisemblablement le quinquagénaire, a composé le 9-1-1 pour signaler qu'il avait été blessé par au moins un projectile d'arme à feu. Arrivés sur les lieux, les agents du SPVM ont localisé la victime à l'extérieur, près d'un immeuble commercial situé à l'angle des rues Magloire et Lafrenaie.

L'homme souffrait de blessures au haut du corps « possiblement causées par une arme à feu ». « On craint pour sa vie », a indiqué jeudi soir le porte-parole du SPVM, Manuel Couture.

En poursuivant leurs vérifications, les patrouilleurs du SPVM ont découvert l'homme de 53 ans, cette fois à l'intérieur d'un garage situé dans un bâtiment commercial. Selon nos informations, Therrien aurait été atteint d'au moins un projectile à la tête. Il aurait été accompagné du jeune homme de 21 ans, qui serait un proche de sa famille, lorsqu'un ou des tireurs auraient fait feu en leur direction. L'enquête est menée par les membres des Crimes majeurs du SPVM. Ils ignorent le mobile du crime pour le moment mais ils ne pourront exclure qu'il soit lié au crime organisé ou au trafic de stupéfiants.

Alliance criminelle

En juin 2012, Therrien et une dizaine d'autres individus avaient été arrêtés et accusés à l'issue de l'enquête Fusion du SPVM visant des distributeurs de cocaïne. Les enquêteurs n'avaient pu accuser la tête présumée d'une branche du réseau, un proche du clan Rizzuto, mais avaient tout de même appréhendé des individus ayant des liens avec plusieurs autres organisations criminelles, notamment les motards, les Syndicates - un gang de rue qui contrôlait la distribution de cocaïne au centre-ville - et le Gang de l'ouest.

Durant l'enquête sur remise en liberté de deux d'entre eux, un enquêteur de la Division des Produits de la criminalité, Jean-Sébastien Caron, avait témoigné que les policiers avaient trouvé chez Therrien, sur l'avenue de la Nantaise, six kilogrammes de cocaïne, près de 40 000 $ en devises diverses, une balance, une machine à compter de l'argent, des papiers de comptabilité et des téléphones cellulaires de type Blackberry.

Therrien avait été condamné à cinq ans de pénitencier dans la foulée de l'enquête Fusion. En 2000, il avait également reçu une sentence de quatre ans de pénitencier pour une autre affaire de cocaïne.

Selon nos informations, Therrien aurait été un proche de Martin Geoffrion, un autre individu arrêté et accusé à l'issue du projet Fusion, mais qui n'a jamais été condamné, car il est disparu sans laisser de traces en avril 2013. Dans l'enquête Fusion, Geoffrion, alias Gaston, se trouvait tout en haut de l'organigramme du réseau démantelé, et aurait financé des importations de centaines de kilos de cocaïne à la fois qui seraient arrivés par bateaux au Port de Montréal, selon un enquêteur.

Selon ce même policier, Geoffrion contrôlait l'argent et faisait affaire avec un fidèle du clan Rizzuto qui aurait fait plusieurs transferts de sommes par le biais de Western Union vers la Colombie, pays producteur de cocaïne. Les transferts étaient toujours inférieurs à 3000$ pour passer sous le radar des autorités.

D'après des sources, Geoffrion aurait profité de l'arrestation en masse des Hells Angels lors de l'opération SharQc en avril 2009, et leur absence sur le terrain, pour s'associer à des trafiquants autrefois en affaires avec les motards, mais devenus indépendants.

Il s'agit du 17e meurtre commis cette année à Montréal.

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PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Une enquêteuse du SVPM examine la scène de crime, vendredi matin.