Les enquêteurs de la Sûreté du Québec ont désormais accès à des drones légers pour étudier et documenter les scènes de crimes. Un de ces appareils a servi cette semaine dans l'enquête visant Alain Castonguay, cet homme de 72 ans qui a été accusé hier du meurtre prémédité de sa conjointe, Johanne Chayer, à Salaberry-de-Valleyfield.

Reconstituer la scène de crime

L'appareil, piloté par un technicien du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale du Québec, a survolé pendant une trentaine de minutes la maison et le quartier où s'était produit le drame. Les photos prises permettront aux enquêteurs de se faire une idée générale de la scène, mais aussi de capter des détails très précis, comme les impacts de balles. « On peut faire une reconstitution 3D à partir des photos », indique le lieutenant Jason Allard, porte-parole de la SQ. « Le déploiement est beaucoup plus rapide qu'avec l'hélicoptère et le pilote reste à côté de l'enquêteur. Ça facilite l'opération. »

Utilisés une dizaine de fois

La Sûreté du Québec possède deux drones de marque DJI, qu'elle a jusqu'à maintenant déployés une dizaine de fois sur le terrain dans le cadre d'un projet pilote lancé en juin. Les appareils ont notamment servi lors des recherches aux chutes Jean-Larose, cet été, pour retrouver une jeune femme disparue. Des enquêteurs s'en sont aussi servis après la tornade survenue à Lachute, en août, « pour évaluer les dommages et la trajectoire », indique le lieutenant Allard. Un des appareils a également servi dans le cadre d'une enquête du Bureau d'enquêtes indépendantes (BEI) pour documenter une scène de crime extérieure. Dans ce cas, le drone et son opérateur ont été « prêtés » par la SQ aux enquêteurs du BEI. Le corps policier souhaite bientôt déployer les appareils pour des enquêtes de collisions routières.

Nettement moins cher que l'hélicoptère

L'utilisation de drones pourrait permettre des économies majeures pour la SQ. L'hélicoptère de sauvetage Bell 412 EP que possède le corps policier coûte aux contribuables 1762 $ par heure de vol en frais de fonctionnement et d'entretien, révèle une demande d'accès à l'information faite par Radio-Canada en 2012. Il faut ajouter à cela le prix d'acquisition, évalué à plus de 10 millions. En comparaison, les deux drones DJI achetés en 2016 ont coûté respectivement 5269 et 4454 $, selon une demande d'accès à l'information faite en janvier par La Presse.

Des drones «pour crasher»

La SQ a aussi acheté deux petits drones Blade Inductrix, acquis pour « moins de 100 $ », et qui tiennent dans le creux d'une main, indique le document obtenu grâce à la Loi sur l'accès à l'information. « Ce sont des drones qu'on a achetés pour crasher ! », lance le lieutenant Allard. « Nos pilotes n'avaient jamais fait voler ce genre d'appareil. C'était pour leur permettre d'apprivoiser la conduite sans abîmer des drones de plus grande valeur. Nous avons d'ailleurs commencé le projet pilote avec des appareils bas de gamme pour mieux déterminer nos besoins », précise le policier.

Un bon choix, dit un expert

L'appareil utilisé cette semaine à Salaberry-de-Valleyfield est un DJI Mavic, qui se détaille à moins de 2000 $, selon David-Étienne Durivage, propriétaire de l'entreprise d'images aériennes Dizifilms. « C'est un appareil parfait pour ce que la SQ veut en faire. Il est très convivial et facile à piloter, on peut le programmer avec des points de cheminement. On peut le ranger dans une valise de transport et le laisser dans le coffre arrière de la voiture. J'en possède moi-même un, c'est un très bon choix », estime M. Durivage.