Fait plutôt rare sinon unique, un présumé opérateur de drone a été arrêté après avoir été pris en flagrant délit de livraison de stupéfiants dans l'enceinte de la prison de Bordeaux.

Le fait d'armes est dû aux réflexes d'un agent en service correctionnel en congé qui se trouvait sur une piste cyclable longeant la rivière des Prairies à Laval vers 19 h 40 vendredi et qui a aperçu le drone survoler le cours d'eau, atterrir dans le secteur du centre de détention de Montréal, juste en face, et revenir vers Laval.

Le randonneur a immédiatement appelé ses collègues à Bordeaux, qui seraient parvenus à intercepter et saisir le colis, qui aurait contenu des stupéfiants dont on ignore pour le moment la quantité. L'agent correctionnel en congé a aussi communiqué avec le 911 et les policiers de Laval ont appréhendé le suspect.

L'homme de 46 ans, Tyrée Virgo, a été accusé de trafic de stupéfiants, de possession d'un poing américain et d'avoir brisé une ordonnance de ne pas posséder d'arme, cet après-midi, au Palais de justice de Montréal. La Poursuite s'est opposée à sa remise en liberté. Puisqu'il s'agit d'un crime commis contre une prison, c'est la Sûreté du Québec qui a hérité de l'enquête.

Matériel inquiétant

Selon nos informations, les enquêteurs des Crimes majeurs de la SQ ont pris en charge le suspect vendredi soir. Son domicile de la rue Larente dans l'arrondissement LaSalle a été perquisitionné tôt ce matin. Les limiers auraient découvert du matériel servant à fabriquer des bombes artisanales et auraient demandé l'assistance de leurs collègues techniciens en explosifs. Virgo n'a toutefois pas été accusé relativement à cette trouvaille. Sur place, les policiers auraient également trouvé une livre de marijuana et du matériel qui aurait pu servir au trafic de stupéfiants, croit la police.

Virgo a plusieurs antécédents criminels. Le plus récent date de 2008 ; il a été condamné à 48 mois (sentence de 31 mois et détention préventive de 14 mois et demi) pour une affaire de possession d'arme et de bris d'une ordonnance de ne pas posséder une arme.

«Nous sommes très heureux de la présence d'esprit de l'agent correctionnel qui a permis d'éviter une autre intrusion. Les livraisons par drone sont un fléau et le secteur de Bordeaux est un véritable corridor aérien. Cette affaire confirme que la zone à surveiller est grande, car le drone avait décollé de loin. C'est rare qu'on réussit à les attraper, à ma connaissance, c'est la première fois», a déclaré à La Presse le président du Syndicat des agents en services correctionnels du Québec, Mathieu Lavoie. 

Les autorités n'excluent pas que l'accusé ait agi avec un complice qui aurait pris la fuite en véhicule avant l'arrivée des policiers.

La semaine dernière, La Presse a fait état d'une échauffourée entre gardiens et détenus, survenue à la prison de Bordeaux, après que des prévenus aient été relocalisés pour permettre une fouille motivée par des craintes de livraisons par drone.

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