Deux ex-scientifiques fédéraux font face à des accusations après que l'un d'entre eux eut été intercepté alors qu'il tentait de passer en contrebande de dangereuses bactéries à l'extérieur du pays.

Klaus Nielsen et Wei Ling Yu, deux anciens chercheurs de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA), sont accusés d'abus de confiance par un fonctionnaire public, dans le cadre d'un présumé stratagème visant à commercialiser un bien qui appartenait à l'agence, indique la Gendarmerie royale du Canada (GRC) par voie de communiqué.

Selon la GRC, l'affaire a tout d'abord été signalée à la police fédérale par l'ACIA en mars 2011. L'enquête se concentrait sur les efforts de M. Nielsen et Mme Yu pour commercialiser des biens intellectuels appartenant à l'ACIA et à un partenaire commercial privé.

M. Nielsen est également sous le coup de plusieurs accusations découlant de la Loi sur les licences d'exportation et d'importation, la Loi sur le transport de matières dangereuses et la Loi sur les agents pathogènes humains et les toxines.

Il a été intercepté alors qu'il se dirigeait vers l'aéroport d'Ottawa, en octobre dernier, transportant 17 fioles de ce qui s'est révélé être des bactéries Brucella, qui peuvent infecter le bétail et les humains. Certaines des accusations sont liées au transport non sécuritaire des bactéries.

La police n'a pas révélé l'identité des acheteurs présumés de ce matériel biologique, ou l'endroit où M. Nielsen devait transporter les bactéries. Quant à Mme Yu, elle est toujours recherchée, et serait probablement en Chine. Un mandat d'arrestation pancanadien a été lancé à son intention.

La bactérie Brucella attaque le bétail, particulièrement les vaches et les boeufs, où elle provoque une maladie appelée brucellose, qui peut causer des avortements spontanés. La bactérie peut également infecter les humains, provoquant d'importants épisodes de sudation et de douleur musculaire. L'infection est rarement fatale.

Une souche de Brucella fut la première bactérie utilisée par l'armée américaine lorsqu'elle a débuté la production d'armes biologiques au milieu des années 1950. Son utilisation a pris fin lorsqu'elle s'est avérée inefficace comme arme potentielle.

En 2003, M. Nielsen faisait partie d'une équipe de scientifiques ayant remporté un prix de l'ACIA pour avoir mis au point un test de 15 secondes visant à détecter la brucellose chez les animaux de ferme.

En 1984, l'ACIA a déclaré que le bétail et le bison d'élevage canadiens étaient officiellement libres de toute infection à la brucellose. Malgré tout, «une réserve de maladie chez les animaux sauvages canadiens signifie que le pays doit régulièrement inspecter son bétail pour y chercher des traces de brucellose», mentionne le site Internet de l'agence fédérale.

Des milliers de cas de brucellose sont régulièrement signalés dans des pays en développement où l'on consomme des produits laitiers non pasteurisés provenant d'animaux infectés.