Pamela Mattock, l'épouse de l'ancien dirigeant du Centre universitaire de santé McGill, Arthur Porter, a comparu détenue vendredi après-midi au palais de justice de Montréal, moins de 24 heures après son arrivée au Canada, en provenance du Panama.

La Couronne s'est objectée à sa remise en liberté.

La femme, qui aura 53 ans dans quelques jours, est accusée de complot de recyclage de produits de la criminalité, et d'avoir caché de l'argent à l'étranger, entre le 1er juillet 2009 et le 31 décembre 2012.  Son conjoint, qui se trouve toujours au Panama et qui conteste son extradition, fait face aux mêmes accusations. Le Dr Porter est en outre accusé de fraude, abus de confiance, et commissions secrètes dans le cadre de l'octroi du contrat de construction du méga hôpital anglophone à SNC-Lavalin. La somme alléguée de ce recyclage est de 22.5 millions $. 

La comparution de Mme Mattock devant le juge Maurice Galarneau a été très brève, vendredi. La femme est entrée dans le box avec une autre détenue. Elle a échangé quelques mots avec son avocat, Marc-Antoine Carette, puis l'affaire a été reportée à lundi, moment où l'on fixera une date pour son enquête sous cautionnement. Mme Mattock n'a pas d'antécédent judiciaire, mais la procureure de la Couronne Marie-Hélène Giroux motive son opposition à sa remise en liberté par la gravité du dossier, et le risque de fuite. Mme Mattock n'aurait plus de domicile au Québec. «C'est un facteur important», a admis Me Giroux, lors d'un point de presse, après l'audience.

Mme Mattock ne s'était pas opposée à son extradition au départ. Elle aurait apparemment changé d'idée au début de la semaine. Me Giroux a indiqué qu'elle avait entendu parler de cela par le biais de journalistes, mais que cela restait à confirmer. Elle a signalé que tous les documents d'extradition avaient été signés, que Mme Mattock était ici et qu'elle allait y rester.

Rappelons que M. Porter avait quitté ses fonctions à la haute direction du Centre universitaire de santé McGill avant la fin de son mandat. Il était parti précipitamment du Québec en décembre 2011. Il s'est ensuite installé à Nassau, aux Bahamas. En février l'Unité permanente anticorruption (UPAC) a émis un mandat d'arrestation contre M. Porter et d'autres présumés acteurs du scandale financier du CUSM.

M. Porter et son épouse ont été arrêtés à la fin mai, lors de leur arrivée à Panama. Ils étaient visés par une «alerte rouge» aux membres d'Interpol, émise à la demande de l'UPAC.

- avec la collaboration de Vincent Larouche et David Santerre