Guy Turcotte devra bel et bien patienter 17 ans avant d'être admissible à une libération conditionnelle pour les meurtres de ses deux enfants. La Cour d'appel vient de rejeter l'appel de l'ex-cardiologue sur cette question. Une décision qui pourrait mettre fin à une saga qui a marqué les annales judiciaires du Québec.

«La période d'inadmissibilité à la libération conditionnelle de 17 ans fixée par le juge n'est ni exceptionnelle ni disproportionnée vu les circonstances», écrivent les juges du plus haut tribunal de la province dans une décision rendue jeudi après-midi. Guy Turcotte a été condamné à la prison à vie après avoir été reconnu coupable des meurtres prémédités de ses enfants en décembre 2015 au terme de son second procès.

Compte tenu du jeune âge de ses enfants Olivier et Anne-Sophie, leur mort «brutale et cruelle», l'impact «dévastateur» des meurtres sur la mère des victimes et l'absence de facteur atténuant significatif, le juge du procès a imposé une peine justifiée à l'endroit de Guy Turcotte, maintient la Cour d'appel. «La gravité du crime n'est pas remise en doute. Le degré de responsabilité de M. Turcotte est complet».

Devant la Cour d'appel, l'avocat de Guy Turcotte, Me Pierre Poupart, avait plaidé ce printemps que le juge André Vincent n'avait pas suffisamment considéré la santé mentale de l'accusé dans l'élaboration de la peine. L'ex-cardiologue était «très malade» et avait une «pensée tordue par sa souffrance», selon son avocat.

«Que ce soit dans le but d'épargner à Olivier et Anne-Sophie le cauchemar de retrouver leur père mort ou par animosité envers Mme [Isabelle] Gaston, un fait demeure: le jury a rejeté la preuve d'expert soumise par M. Turcotte pour se faire déclarer non criminellement responsable au motif de perte de contact avec la réalité», affirme la Cour d'appel.

«M. Turcotte n'est ni la première ni la dernière personne à perdre son conjoint. L'échec de son mariage ne peut avoir l'effet qu'il désire lui attribuer dans le processus de détermination de la peine», concluent les juges de la Cour d'appel du Québec.

Rappelons que Guy Turcotte a tué ses enfants de 3 et 5 ans le soir du 20 février 2009. Il leur a asséné 46 coups de couteau lors de deux visites distinctes dans leur chambre respective. Le plus jeune, Olivier a même tenté de se défendre des attaques de son père. Guy Turcotte a ensuite bu une bouteille de lave-vitre. Il a été retrouvé sous son lit par les policiers.

L'ex-médecin ne pardonnait pas à son ex-femme Isabelle Gaston de refaire sa vie avec un autre homme et que ce dernier devienne une figure paternelle auprès de ses enfants.

Guy Turcotte avait été déclaré non criminellement responsable pour cause de troubles mentaux au terme de son premier procès. Mais la Cour d'appel avait ordonné la tenue d'un second procès, lequel s'est conclu par un verdict de meurtre au second degré.