Mario Antonacci prétend échapper aux lois qui nous gouvernent puisqu'il est un «Freeman on-the-Land». Malgré son discours farfelu et ses actes de provocation, le cours des choses lui a presque donné raison jusqu'ici. Mais cela pourrait changer.

Sous le coup d'un mandat d'arrestation au Québec depuis 2010 parce qu'il s'était enfui avant la fin de son procès pour voies de fait graves, l'homme de 48 ans ferait maintenant des siennes en Alberta sous un nouveau nom: Andreas Pirelli.

La Presse Canadienne a rapporté, lundi, la désespérante histoire d'une retraitée de la région de Calgary, Rebekah Caverhill, qui a eu le malheur de louer une partie de son duplex à Andreas Pirelli.

Ce dernier s'est présenté en novembre 2011 comme un homme à tout faire arrivant de Montréal. Censé faire quelques rénovations en échange de trois mois de loyer gratuits, Pirelli aurait plutôt causé des dommages considérables au logement.

Mme Caverhill affirme que lorsqu'elle s'est rendue au duplex pour constater l'avancement des travaux et qu'elle a constaté les dégâts, Pirelli l'a mise à la porte. L'homme lui aurait crié qu'il était un «Freeman on-the-Land», qu'il s'agissait de son «ambassade», que Mme Caverhill n'était pas chez elle et qu'il avait changé les serrures.

Il lui a ensuite envoyé une réclamation de 26 000$ pour les «travaux» effectués. Elle aurait aussi reçu un avis d'hypothèque légale de 17 000$.

Litige civil

Mme Caverhill, qui compte sur les revenus de cette propriété pour sa retraite, a tenté sans succès de faire expulser l'individu. Elle s'est aussi adressée aux policiers, qui se disaient impuissants, car selon eux, il s'agissait d'un litige civil.

Julien Gagné, enquêteur à la police de Calgary, ne pouvait confirmer, lundi, qu'Andreas Pirelli était bien Mario Antonacci, puisque ce dernier n'a jamais été arrêté. Mais selon d'autres sources, il s'agit bien du même individu.

Mis au courant de l'affaire de Calgary, Me Jacques Bélanger, procureur de la Couronne à qui avait été confié le dossier d'Antonacci, à Montréal, a transmis l'information au Service de police de la Ville de Montréal, qui avisera.

«L'article 597 du Code criminel stipule que quelqu'un qui s'esquive pendant son procès peut être arrêté n'importe où au Canada», a indiqué Me Bélanger.

Un air de déjà vu

Mario Antonacci, 48 ans, avait défrayé la chronique judiciaire de La Presse à quelques reprises, en 2010, alors qu'il était jugé avec sa conjointe de l'époque, en Cour du Québec.

L'exercice prenait parfois des airs de cirque. Antonacci, qui s'arrogeait tous les pouvoirs, avait même assigné le juge à comparaître devant lui, dans son logement de la rue Cadillac...

Le couple était accusé de voies de fait graves à l'égard d'une femme, Jocelyne Malouf, qui leur avait prêté un logement pour les dépanner, en 2007.

«Ils se retrouvaient sur le trottoir, ils n'avaient pas un sou», se souvient Mme Malouf, qui a cependant vite regretté son geste de bonté.

«Cela a été un désastre à tous égards», se souvient la quinquagénaire, avec qui La Presse s'est entretenue, hier.

Elle se rappelle qu'elle se rendait sur place tous les trois jours, pour vérifier, et qu'elle devait tout nettoyer.

M. Antonacci tenait son discours de souverain, une sorte de «loge ésotérique, secrète», au souvenir de Mme Malouf.

Un jour, lors d'une visite, Mme Malouf se serait fait jeter dehors sans ménagement par M. Antonacci. Elle a eu le bassin et un poignet fracturés.

C'est pour cet incident que M. Antonacci s'est retrouvé accusé. Pendant son procès, Antonacci s'est esquivé. Il a été jugé en son absence, mais le jugement final n'a jamais été rendu. Le juge Jean-Paul Braun attendait d'avoir

M. Antonacci devant lui pour ce faire.