Sébastien McDuff a plaidé coupable mardi d’avoir exploité sexuellement une mineure, au milieu des années 2000. La victime a éclaté en sanglots quand son ancien enseignant, impassible dans la salle d’audience, a reconnu les faits qui lui sont reprochés.

L’homme s’est présenté au palais de justice le visage couvert d’un masque chirurgical, lunettes de soleil sur le nez et casquette sur la tête. Il les a retirés avant d’entrer dans la salle où, répondant par l’affirmative aux questions de son avocat, il a admis sa culpabilité.

L’affaire débute il y a une vingtaine d’années quand l’accusé, alors âgé de 27 ans, obtient un poste comme enseignant d’éducation physique dans une école secondaire de l’est de Montréal, en septembre 2003. La victime, en troisième secondaire, est l’une de ses élèves.

En mai 2004, tandis que les deux sont seuls dans un dépôt du gymnase, ils s’embrassent. À l’hiver qui suit, la victime rejoint d’elle-même son enseignant dans un aréna. Ce soir-là, ils boivent de la bière, discutent et ont leur première relation sexuelle complète. Selon l’exposé des faits qu’a reconnus M. McDuff, il « pénètre la victime […] sans condom ».

L’histoire se répète le 7 mars 2005, quand la victime rejoint M. McDuff, aujourd’hui âgé de 48 ans, dans ce même aréna de l’est de la ville. Ils ont de nouveau un rapport sexuel. Durant l’année qui suit, l’accusé et la victime se voient à quelques reprises, notamment dans le véhicule de l’accusé, où ils auront des contacts de nature sexuelle.

Leur dernière relation complète survient le 28 juin de cette même année, alors que la victime est âgée de 16 ans. Au fil de l’année scolaire qui suit, quand celle-ci est en cinquième secondaire, leurs contacts sont « moins fréquents » en raison d’un congé de M. McDuff. À quelques reprises, ils auront tout de même des contacts de nature sexuelle dans le véhicule de l’accusé.

La victime était en « accord » avec les gestes de l’accusé au moment où ceux-ci sont survenus. Or, précise l’exposé des faits, elle ne pouvait légalement y consentir en raison du lien d’autorité qui les unissait.

L’accusé reconnaît sa culpabilité

Si les relations sexuelles prennent fin à compter de ce moment-là, les contacts qu’entretiennent la victime et l’accusé ne cessent pas immédiatement. « Pendant plusieurs années », ils gardent contact. C’est à l’âge de 26 ans que la victime reproche pour la première fois à l’accusé les gestes qu’il a commis.

Elle lui fait alors lire une lettre qu’elle a rédigée. L’accusé fond en larmes et s’excuse, selon le récit des faits présenté à la juge Suzanne Costom par la procureure Karine Lagacé-Paquette. À deux reprises, en 2020, la victime enregistre l’accusé à son insu lors de conversations téléphoniques. Elle revient encore sur les évènements, et M. McDuff s’excuse de nouveau.

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La procureure Karine Lagacé-Paquette

En reconnaissant sa culpabilité, Sébastien McDuff a renoncé à la tenue d’un procès. Le chef d’accusation d’exploitation sexuelle était passible, à l’époque des faits, d’une peine d’emprisonnement maximale de cinq ans. Les parties présenteront prochainement leur suggestion, et l’accusé devrait connaître sa peine le 15 novembre prochain.

Jusqu’à sa mise en accusation, en janvier 2023, l’accusé enseignait à l’école secondaire Jean-Grou, à Rivière-des-Prairies. Les faits, toutefois, n’ont pas eu lieu dans cet établissement scolaire, mais dans une autre école de l’est de Montréal qu’on ne peut nommer pour protéger l’identité de la victime. Depuis, M. McDuff n’a plus enseigné.

Par la voix d’une porte-parole, le centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île, où se trouve l’école Jean-Grou, avait à l’époque affirmé avoir appris « avec consternation » le dépôt d’accusations criminelles contre l’un de ses enseignants.

L’accusé, qui risque d’être inscrit au registre des délinquants sexuels, est représenté par l’avocat Jean-Sébastien St-Amand Guinois.