La femme assassinée mercredi à Laval, une agente immobilière et éducatrice en garderie sans histoire, aurait été ciblée de façon aléatoire alors qu’elle faisait une marche dans un boisé proche de chez elle. Une fin atroce que peine à s’expliquer son fils.

« C’est tellement difficile pour mon cerveau que je n’arrive pas à analyser ça », a témoigné Robert Draghicescu, au lendemain du drame.

Rencontré jeudi dans l’appartement du boulevard Chomedey qu’il partageait avec sa mère, Irina Draghicescu, le jeune homme de 26 ans affichait un calme déconcertant.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Robert Draghicescu, fils de la victime

Aux environs de 22 h 30 la veille, quelques heures après le drame, deux agents du Service de police de la Ville de Laval (SPL) ont cogné à sa porte pour lui apprendre la terrible nouvelle, a-t-il relaté. « Étant donné l’heure, je me doutais qu’il s’était passé quelque chose », témoigne-t-il.

J’ai demandé un câlin aux policiers juste pour me tenir debout, car j’allais m’écrouler par terre. J’étais trop sous le choc.

Robert Draghicescu, fils de la victime

Meurtre gratuit

Arrivée de Roumanie il y a environ 25 ans, Irina Draghicescu travaillait à la fois comme éducatrice dans une garderie de Montréal et comme courtière immobilière sous l’enseigne Groupe Sutton. Séparée depuis de nombreuses années, elle n’avait pas de conjoint ni d’ennemi connu, selon son fils.

Sa mère s’est simplement retrouvée « au mauvais endroit au mauvais moment », lâche-t-il, résigné. « [Le suspect] était armé. C’était une question de qui passait par là. »

Le drame s’est produit peu avant 19 h 30, mercredi, alors qu’Irina Draghicescu se promenait dans le boisé Armand-Frappier, non loin de chez elle, comme elle le faisait souvent. C’est à ce moment qu’elle a été poignardée à de nombreuses reprises, son agresseur ne lui laissant aucune chance. Son décès a été constaté sur place.

Selon nos informations, l’hypothèse du meurtre gratuit est ressortie assez tôt dans l’enquête des policiers alors que la victime, âgée de 46 ans, ne partageait aucun lien familial avec le suspect du meurtre.

Réfugié dans un appartement

Le suspect, Konstantinos Tsagaroulis, 20 ans, a été accusé jeudi de meurtre au premier degré au lendemain du crime et a comparu par visioconférence au palais de justice de Laval. Selon plusieurs médias, la Couronne n’a pas l’intention de demander une évaluation psychiatrique dans son cas.

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Il semble qu’après avoir tué Irina Draghicescu, le jeune homme serait entré par effraction dans l’appartement du sous-sol d’un immeuble situé à quelques centaines de mètres de la scène.

Effrayés, des locataires de l’immeuble auraient contacté la police qui serait rapidement intervenue, alertée quant à la présence d’un individu à l’état mental perturbé.

« On a entendu les sirènes, on est sorti et on a vu 15, 20 voitures de police, puis on [a vu les policiers] sortir quelqu’un de là-bas, menotté », a témoigné un des voisins de l’immeuble, Nacer Benacur.

Motif nébuleux

Le motif exact de cette agression gratuite reste nébuleux. Konstantinos Tsagaroulis ne possédait pas de casier judiciaire et résidait chez ses parents, à Laval-Ouest, à plusieurs kilomètres de là, dans un quartier tranquille de maisons de plain-pied.

« Nos pensées sont vraiment avec la famille de la victime qui vit des moments très tristes », a déclaré son père, John Tsagaroulis, rencontré au domicile familial.

En fin d’après-midi, jeudi, ce dernier affirmait ne pas avoir davantage de détails quant au fil des évènements. « Comme tous les jeunes, il avait des amis, il prenait la voiture et sortait », a-t-il ajouté lorsqu’on lui a demandé ce que son fils faisait dans le boisé Armand-Frappier.

« Un endroit qu’on aime »

Le meurtre d’Irina Draghicescu a choqué plusieurs voisins de l’endroit, un petit parc que plusieurs résidants empruntent pour accéder au boulevard Notre-Dame d’où ils ont accès aux arrêts d’autobus.

« C’est toujours très calme, c’est un endroit qu’on aime », a témoigné Ghassan Hajjar, résidant du quartier Chomedey depuis 25 ans. « C’est la première fois que j’entends quelque chose comme ça. C’est terrible », a renchéri un de ses voisins, George Carter.

Le nom d’Irina Draghicescu s’ajoute à une longue liste de femmes assassinées depuis le début de l’année. Le nombre de femmes tuées dans un contexte de violence conjugale en 2024 a d’ailleurs déjà dépassé le total de l’année précédente.

Avec Daniel Renaud, La Presse