(Victoria) Lorsque le tueur en série Robert Pickton a été transféré de l’établissement de Kent, en Colombie-Britannique, à une prison à sécurité maximale au Québec, il y a environ six ans, les autorités correctionnelles n’ont donné aucune explication ni confirmation publique à l’époque, invoquant la confidentialité.

Mais Darryl Plecas, ancien juge de prison à Kent et devenu président de l’Assemblée de la Colombie-Britannique, pense savoir pourquoi : la sécurité de Pickton était probablement menacée à Kent.

M. Pickton est actuellement hospitalisé à Québec en raison de ce que la police a qualifié de blessures potentiellement mortelles.

Le Service correctionnel du Canada a annoncé que Robert Pickton, qui était détenu à l’établissement de Port-Cartier, dans la région de la Côte-Nord, a été victime d’une « agression majeure » qui n’a impliqué aucun gardien, dimanche.

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Robert Pickton est actuellement hospitalisé à Québec en raison de ce que la police a qualifié de blessures potentiellement mortelles.

M. Plecas, un criminologue qui a été juge de prison à Kent de 2004 à 2013, a qualifié le transfert de M. Pickton de « mouvement latéral ».

« Pourquoi quelqu’un serait-il déplacé hors de la Colombie-Britannique ? Je suppose qu’il a été transféré pour des raisons de sécurité », a avancé M. Plecas.

Il a déclaré mercredi que les détenus notoires comme Pickton –  qui a été reconnu coupable de six chefs de meurtre au deuxième degré et condamné à la prison à vie en 2007 après avoir été accusé du meurtre de 26 femmes – sont généralement placés en détention préventive et séparée pour leur propre protection et non pour protéger les autres.

Cela était particulièrement probable pour Pickton, a expliqué M. Plecas, qui connaissait le tueur depuis son séjour à Kent.

Il a signalé qu’il ne pouvait pas dire s’il avait eu affaire à M. Pickton en tant que juge de prison, mais que son état physique signifiait que sa sécurité personnelle aurait été menacée.

M. Plecas a décrit Robert Pickton comme « petit, frêle […] Cinq pieds et des poussières » et peu susceptible de constituer une menace dans un environnement carcéral.

« Avez-vous déjà vu Willie Pickton ? […] Un truc de genre cent livres, mouillé. Ce n’est pas un grand gaillard. »

Darryl Plecas a indiqué que la détention protectrice était conçue pour garder les détenus comme Pickton à l’écart des menaces posées par la population carcérale en général.

Mais il existe toujours des risques pour certains détenus qui « seraient considérés comme indésirables même dans une unité de détention préventive », a-t-il fait remarquer.

Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, a déclaré mardi que le service correctionnel réexaminerait les circonstances de l’attaque contre Robert Pickton.

M. LeBlanc a ajouté qu’il comprenait que la police du Québec « a également saisi cette affaire ».

Il a déclaré que les « interactions entre détenus » sont l’une des choses les plus difficiles à gérer dans les prisons à sécurité maximale, et que l’enquête sur cette attaque examinerait ce « type de circonstances ».

« Certains couloirs abritent certains détenus qui ne devraient pas entrer en contact avec les autres », a indiqué M. LeBlanc.

M. Plecas a mentionné que ses fonctions en tant que juge de prison fédérale impliquaient l’administration de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition.

Il a déclaré qu’il pouvait entendre des cas de détenus accusés de contrebande d’armes ou de drogue et de tentative d’évasion. Les juges des prisons fédérales ne traitent pas les cas graves d’agression, de tentative de meurtre et de meurtre, a précisé M. Plecas.