Girard Anglade, complice de la première heure de Frédérick Silva, cet ancien tueur à gages actuellement au centre d’une grande enquête visant le crime organisé montréalais, a plaidé coupable vendredi matin à un chef de complot visant à aider le meurtrier à fuir la justice.

Le juge André Vincent de la Cour supérieure a entériné une suggestion commune de la Poursuite et de la Défense, et a condamné Anglade à 37 mois d’emprisonnement.

Mais en soustrayant la période passée en détention préventive, qui totalise 37 mois, Anglade a été libéré le même jour.

L’homme de 46 ans devait subir un procès devant jury à compter de lundi pour complot et pour avoir aidé Silva à obtenir un passeport, mais le juge Vincent a ordonné l’annulation de la sélection des jurés.

À la demande de la Poursuite, représentée par Me Nathalie Kléber, du Bureau de la grande criminalité et des affaires spéciales, le juge Vincent a ordonné un arrêt des procédures sur le chef d’obtention d’un faux passeport.

Téléphone-espion

Frédérick Silva a tué par balles le client d’un bar de danseuses de Montréal en mai 2017, à la suite d’un conflit entre les amis du tueur et ceux de la victime.

En juin suivant, les enquêteurs et membres du groupe tactique d’intervention ont manqué de peu Silva qui s’était rendu dans un cinéma de Laval.

Immédiatement après cette opération ratée, un mandat d’arrêt pancanadien a été lancé contre Frédérick Silva qui s’est alors retrouvé au cœur d’une cavale qui a duré presque deux ans, avant d’être arrêté par les policiers du SPVM en février 2019.

Deux ans plus tôt, en février 2017, Silva avait également tenté de tuer le chef de clan de la mafia, Salvatore Scoppa.

Selon un résumé des faits lu en cour par l’avocate d’Anglade, Me Debora De Thomasis, Anglade était présent parmi un groupe d’amis qui accompagnaient Silva lorsque ce dernier a tenté de tuer Scoppa, mais il dit ne pas avoir été au courant des intentions du tireur avant que le crime soit commis.

En août 2017, alors que le SPVM avait lancé une grande enquête baptisée Mégalo pour retrouver Silva, un agent double de la police s’est fait passer pour un criminel, a approché la conjointe du tueur, a remis à cette dernière un bouquet de fleurs et un téléphone cellulaire, dans le but que Silva le rappelle.

Le cellulaire était en réalité un téléphone-espion et les policiers espéraient pouvoir retracer Silva avec celui-ci.

Mais Anglade a jeté les fleurs, rappelé l’homme qui avait remis l’appareil à la conjointe de Silva, dit qu’il n’avait plus aucun contact avec ce dernier et qu’il ne lui remettrait jamais le téléphone.

Par la suite, Anglade a entrepris quelques démarches et communications pour permettre à Silva de se procurer un faux passeport au nom d’un certain David Guérard.

Longue feuille de route

Anglade est détenu depuis six ans, depuis qu’il a été condamné pour avoir déchargé une arme à feu dans l’affaire de la tentative de meurtre contre le motard Jean-Guy Bourgouin commise alors que ce dernier sortait d’un restaurant de l’arrondissement de Saint-Léonard en janvier 2018.

Il a été accusé des chefs de complot et d’obtention d’un faux passeport en janvier 2022 et une nouvelle période de détention préventive a alors débuté, l’empêchant de sortir de prison entre les deux affaires.

Anglade a des antécédents qui remontent à 1998, notamment en matière de voies de fait avec lésions, d’introduction avec effraction, de vol qualifié avec arme à feu, de braquage avec arme à feu et de possession d’arme. Il n’a pas respecté à quelques reprises des ordonnances lui interdisant de posséder une arme.

Les noms d’Anglade et de Silva apparaissent pour la première fois ensemble dans un article de La Presse Canadienne sur un crime d’invasion de domicile commis il y a près de 20 ans.

« J’espère pour vous que ce sera la dernière condamnation et que ça va se terminer », lui a dit le juge Vincent, avant de lui souhaiter bonne chance.

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