L’année 2023 a été tumultueuse sur la scène du crime organisé de haut niveau, marquée par des attentats contre des acteurs importants de la mafia montréalaise, des motards ou des gangs. L’année 2024 commence brusquement, alors que déjà cinq meurtres ont été commis à Montréal, dont trois par arme à feu.

Est-ce que 2024 sera la continuité de 2023, alors que les organisations criminelles établies semblent actuellement incapables de contrôler la rue, qu’elles sont contestées par des groupes et des individus émergents et qu’une importante enquête autour des révélations d’un ancien tueur à gages continue à alimenter l’incertitude dans le milieu criminel ?

En entrevue avec La Presse, le directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Fady Dagher, dit qu’il est trop tôt pour savoir à quoi ressemblera l’année, mais une chose est sûre : le crime organisé n’aura pas le champ libre.

« Peu importe où les criminels sont, peu importe comment ils vont agir, peu importe dans quelles circonstances, la police ne les lâchera jamais », promet-il.

« On voit qu’il y a des règlements de comptes sur le terrain présentement. Vous l’avez écrit dans des articles sur le crime organisé : on a une personne qui collabore sur des meurtres dans lesquels elle a participé directement ou indirectement. Est-ce que les personnes qui ont travaillé avec elle vont vouloir échapper à la justice ou se cacher ? C’est un peu ça la situation dans laquelle on va se trouver », affirme M. Dagher.

Le projet Alliance

M. Dagher n’a pas nommé la personne, mais c’est un secret de polichinelle que cet individu est Frédérick Silva, ancien tueur à gages de la famille Rizzuto et du crime organisé montréalais, dont les révélations sont au cœur d’une importante enquête du SPVM et de la Sûreté du Québec (SQ), suscitant des inquiétudes dans le milieu criminel.

PHOTO SPVM

Frédérick Silva vers 2017

Fady Dagher rappelle que le tueur a été pris en chasse par les enquêteurs du SPVM après un meurtre commis en 2017, qu’il en a commis trois autres durant sa cavale à l’automne 2018, qu’il a été arrêté par ses policiers en 2019, qu’il a été jugé et condamné à perpétuité, qu’il a retourné sa veste à l’été 2022 et que l’enquête Alliance a alors été lancée avec la SQ.

Selon nos informations, Silva aurait confessé 65 meurtres et tentatives de meurtre survenus depuis les années 1990, dans lesquels il a été impliqué ou pour lesquels il sait des choses.

Fady Dagher ne sait pas encore à quel moment les enquêteurs frapperont, ni si ce sera en 2024.

« On essaie, mais ce n’est pas encore confirmé. Nous ne sommes pas seuls dans ce dossier : il y a les procureurs, la Justice, la Sûreté du Québec, d’autres partenaires. Il faut s’assurer que tout soit bien en place. C’est quasiment le dossier dans lequel il y a le plus d’évènements au Canada, l’un des plus énormes sur lequel le SPVM travaille actuellement », explique M. Dagher.

Malgré l’ampleur et la complexité du dossier, le directeur du SPVM croit que la Justice sera en mesure d’avaler l’importante quantité de preuve et de juger le nombre d’accusés à venir.

« Les procureurs ont vraiment pris en charge le dossier et sont totalement investis. Je n’ai aucune raison de craindre qu’il puisse y avoir des retards ou des difficultés. Mais une chose est certaine : tous ces crimes-là doivent être traités. Sans exception. Il faut penser qu’il y a eu trois innocentes victimes dans ce dossier. Donc, pour nous, tout ce qui nous a été divulgué doit être traité à la Cour », conclut le chef du SPVM.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.