Un ancien employé du centre de vaccination du Stade olympique qui a reconnu avoir reçu des pots-de-vin pour fabriquer de faux passeports vaccinaux pendant la pandémie vient d’être accusé d’une série de crimes au terme d’une enquête de l’Unité permanente anticorruption (UPAC). Selon la police, il aurait fabriqué de faux documents pour 630 clients.

« C’était de l’argent très facile et leur sécurité était tellement médiocre, c’est comme s’ils te disaient : fais-le ! », avait expliqué Adams Diwa en entrevue avec La Presse en janvier 2022.

M. Diwa avait déjà été arrêté à ce stade, car des collègues du réseau de la santé avaient détecté son manège et avaient alerté la police. Il ne cherchait pas à nier qu’il s’était fait lui-même un faux passeport vaccinal alors qu’il n’était pas vacciné et qu’il avait reçu de l’argent de nombreuses personnes pour le même service.

« Il faut assumer les erreurs qu’on a faites », disait-il.

Aucune excuse

Selon son récit, les gens qui le payaient n’avaient même pas besoin de se déplacer dans un centre de vaccination. L’ex-fonctionnaire dit qu’il pouvait facilement entrer dans le système informatique, inscrire une date et un endroit pour la première dose, ensuite la seconde, puis ses clients pouvaient recevoir leur Vaxicode sur leur cellulaire.

« Je faisais ça très clean. Je créais un vrai rendez-vous dans le système, comme si la personne avait pris son rendez-vous. Une date pour la première dose, et 28 jours plus tard, la deuxième dose. Je devais inscrire le type de vaccin et l’endroit où ils s’étaient fait vacciner », avait-il expliqué.

« Ensuite, on te demande qui a vacciné la personne. Moi, je connaissais des infirmiers qui travaillaient au Stade. Je pouvais mettre un vaccinateur, ou sinon, tu peux mettre une place en dehors du Québec », précisait-il.

« Je n’ai aucune excuse, aucune raison pour ce que j’ai fait. Je ne vais pas le valoriser. L’argent est attirant pour tout le monde. Ça allait faciliter beaucoup de choses dans ma vie », avait-il ajouté sans se défiler.

M. Diwa avait expliqué que lors d’une perquisition à sa résidence en 2021, les policiers de l’UPAC avaient saisi environ 60 000 $ en argent.

Nombreux dossiers

L’enquête a été longue parce que la police croulait sous les signalements liés à la fabrication et l’usage de fausses preuves vaccinales. Certaines infractions moins graves, pour les acheteurs des fausses preuves de vaccination, se réglaient par une amende et devaient être traitées en priorité, car il existe un délai de prescription si le dossier n’est pas réglé rapidement.

Les accusations criminelles visant des fonctionnaires qui acceptaient des pots-de-vin pour fabriquer de faux documents délivrés par l’État ont été traitées ensuite.

« Selon l’enquête, M. Diwa aurait utilisé les accès liés à sa fonction afin de produire de fausses preuves vaccinales, donnant accès au passeport vaccinal émis par le gouvernement du Québec, entre septembre et novembre 2021 », a déclaré l’UPAC dans un communiqué mercredi matin. Le corps policier précise qu’il aurait fait 1200 fausses entrées dans le système pour 630 clients.

M. Diwa est accusé d’abus de confiance, de production de faux et d’usage non autorisé d’ordinateur. Il devra comparaître le 27 novembre au palais de justice de Montréal.