L’homme a déjà été l’un des dix criminels les plus recherchés au Québec

L’individu qui aurait allumé l’incendie qui a fait sept morts dans le Vieux-Montréal en mars dernier est déjà derrière les barreaux, mais pour un autre crime, a appris La Presse.

L’homme, qui aurait déjà été sur la liste des dix criminels les plus recherchés au Québec, aurait tenté de confondre les enquêteurs des Crimes majeurs en se faisant passer pour un sans-abri, de qui il aurait usurpé l’identité, lorsque les limiers l’ont rencontré le printemps dernier, dans les semaines qui ont suivi la tragédie.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Pompiers combattant les flammes dans l’immeuble de la place d’Youville, le 16 mars dernier

Selon nos renseignements, c’est une policière du poste de quartier 21, qui connait les itinérants du secteur, qui s’est rendu compte que l’homme ciblé par les enquêteurs des Crimes majeurs du SPVM n’était pas celui qu’il prétendait être, et qui leur a fait savoir que l’individu tentait de les berner.

Le suspect, qui était recherché pour un autre crime qui n’a pas de lien avec l’incendie, a donc été arrêté, mais n’a toujours pas été accusé relativement à l’incendie du Vieux-Montréal, les enquêteurs des homicides du SPVM continuant à amasser leur preuve.

On ignore toujours pourquoi l’homme aurait mis le feu à l’immeuble de la place d’Youville, tuant sept personnes.

D’après nos informations, l’itinérant à qui le suspect aurait volé l’identité serait disparu depuis plusieurs mois, et la police se questionne sur cette disparition.

« Nous n’avons pas le droit de commenter de façon spécifique le déroulement d’une enquête criminelle. Les enquêteurs n’ont commis aucune action illégale et aucune erreur. Notre plus grande préoccupation, ce sont les familles des victimes et l’insécurité qu’elles vivent chaque fois qu’un article est publié », a réagi le porte-parole du SPVM, l’inspecteur David Shane.

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L’inspecteur David Shane, porte-parole du SPVM

L’incendie survenu dans la nuit du 16 mars dernier a coûté la vie à sept personnes, laissant de nombreuses familles dans le deuil et ébranlant l’ensemble de la province. La plupart des victimes n’étaient que de passage à Montréal ou avaient loué un logement par l’entremise de la plateforme Airbnb. An Wu, universitaire américaine de 31 ans, est morte dans le brasier, de même que Dania Zafar et Saniya Khan, deux amies d’enfance originaires du Pakistan.

Nathan Sears et Camille Maheux, seule résidante permanente de l’immeuble parmi les victimes, ont aussi connu une fin tragique. Enfin, Walid Belkahla et Charlie Lacroix, tous deux âgés de 18 ans, ont été pris au piège dans l’appartement qu’ils avaient loué pour la nuit, mais qui n’avait pas de fenêtre. « On ne peut pas sortir », aurait dit Charlie Lacroix lors d’un appel au 911.

En plus de ces victimes, neuf autres personnes ont été blessées, et six sont sorties indemnes de l’immeuble en flammes.

Une enquête majeure

Au cours des derniers jours, Le Journal de Montréal a publié deux articles dans lesquels l’auteur rapporte que les enquêteurs auraient commis des bavures, que certains ont peu d’expérience et qu’il y aurait de la bisbille au sein des équipes d’enquête.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a réitéré toute sa confiance envers les enquêteurs ; le SPVM et son chef, Fady Dagher, ont nié toute bavure dans ce dossier.

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En plus des sept victimes, neuf autres personnes ont été blessées, et six sont sorties indemnes de l’immeuble en flammes.

Outre les enquêteurs des Crimes majeurs, leurs collègues de la Division des incendies criminels du SPVM, les enquêteurs du Service de sécurité incendie de Montréal et ceux de la Régie du bâtiment se penchent également sur cette affaire.

En plus de l’enquête de meurtre, les autorités examinent la possibilité de porter des accusations de négligence criminelle ayant causé la mort.

Outre l’enquête policière, des poursuites civiles ont été entreprises par des familles de victimes.

Le propriétaire de l’immeuble, Émile Benamor, poursuit de son côté la Ville de Montréal, remettant en question la politique municipale régissant les édifices patrimoniaux.

Selon certains éléments de l’enquête, il y aurait eu au moins un foyer d’incendie, à l’avant du bâtiment, et c’est de l’essence qui aurait été utilisée pour allumer le brasier.

Avec la collaboration de Bruno Marcotte et d’Henri Ouellette-Vézina, La Presse

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.