Des vies emportées. Des familles dans le deuil. Si plusieurs questions restent en suspens, on connaît maintenant officiellement l’identité des sept victimes qui ont péri dans le tragique incendie survenu dans un immeuble de la place D’Youville, dans le Vieux-Montréal, le 16 mars dernier. Voici une partie de leur histoire.

An Wu

PHOTO FOURNIE PAR UNE COLLÈGUE D’AN WU

An Wu

Âgée de 31 ans, An Wu était une universitaire américaine venue assister à une conférence à Montréal. Partie de San Diego, elle était dans la métropole québécoise pour assister à COSYNE, un populaire congrès sur la neuroscience tenu à Montréal et à Mont-Tremblant du 9 au 14 mars. La semaine dernière, La Presse avait rapporté que les amis d’An Wu étaient restés sans nouvelles d’elle le week-end précédent. Ses proches, rongés par l’inquiétude, avaient alors contacté la police afin d’obtenir plus d’informations. Comme la famille d’An Wu habite en Chine, c’est l’entourage de Mme Wu, qui se trouve à San Diego, qui était parti à sa recherche. Après avoir trouvé son appartement vide, ils ont avisé les autorités de sa disparition. « Rien ne va leur ramener An. Mais on espère des réponses de la part de la police, du gouvernement et du propriétaire », a illustré Enida Gjoni, sa collègue à l’Université de Californie à San Diego (UCSD).

Charlie Lacroix et Walid Belkahla

PHOTO LOUIS-PHILIPPE LACROIX, FOURNIE PAR LA PRESSE CANADIENNE

Charlie Lacroix

Tous deux âgés de 18 ans, Charlie Lacroix et Walid Belkahla avaient loué un appartement pour une soirée sur un site de location à court terme au moment de l’incendie. « Venez nous chercher, on ne peut pas sortir », aurait dit Charlie Lacroix lors d’un appel au 911, selon ce qu’a rapporté son père, Louis-Philippe Lacroix. D’après nos informations, elle et le jeune homme qui l’accompagnait ne pouvaient sortir de l’appartement, ce dernier n’ayant aucune fenêtre. Le SPVM a confirmé l’identité de ces deux victimes mardi, mettant ainsi fin à la recherche de victimes dans le cadre de l’enquête en cours. « C’était une petite fille super enjouée. Elle avait 18 ans, elle avait tout devant elle. […] S’il y avait eu une issue de secours, elle serait là. Même pas une issue de secours, une fenêtre. Juste une fenêtre. C’est tout », avait relaté avec émotion M. Lacroix, en parlant de sa fille, lors d’une entrevue avec La Presse qui s’est déroulée récemment.

Dania Zafar et Saniya Khan

Dania Zafar et Saniya Khan étaient deux amies d’enfance originaires du Pakistan. Toutes deux âgées de 31 ans, elles étaient en vacances à Montréal lorsque l’incendie est survenu. La première vivait désormais à Toronto, alors que l’autre résidait dans la région de Detroit, dans le Michigan, aux États-Unis. Du Pakistan, le père de Dania Zafar, Mahmood Zafar, a déclaré ces derniers jours à plusieurs médias, dont le Toronto Star, que les deux jeunes femmes étaient censées retourner vers Toronto le jour où l’incendie s’est produit. Sa fille travaillait en édition et faisait des démarches pour obtenir sa citoyenneté canadienne, a poursuivi l’homme. Saniya Khan, elle, poursuivait une maîtrise en santé publique à la Wayne State University, en plein cœur de Detroit.

Camille Maheux

PHOTO FOURNIE

Camille Maheux, âgée de 76 ans, habitait l’édifice depuis une trentaine d’années.

Photographe de profession, Camille Maheux, âgée de 76 ans et née à Saint-Georges de Beauce, habitait l’édifice incendié de la place D’Youville depuis 30 ans. Il s’agit de la première victime formellement identifiée par les policiers, dès la semaine dernière. Selon nos informations, Mme Maheux était d’ailleurs la seule parmi les victimes qui était résidante permanente de l’immeuble, les autres victimes identifiées étant pour la plupart de passage à Montréal. La septuagénaire travaillait principalement à partir de Montréal, mais aussi au Brésil depuis 1982, où elle couvrait notamment le 1º Festival Nacional de Mulheres nas Artes à São Paulo. Membre de Plessisgraphe (1975-1985), un atelier de photographie des années 1970 et 1980, elle a également participé à de nombreuses expositions au Canada, au Brésil, en France et en Italie, en plus d’avoir publié ses clichés dans plusieurs revues et magazines. Elle avait fait ses études en cinéma à l’Institut national supérieur des arts du spectacle (INSAS), en Belgique.

Nathan Sears

Âgé de 35 ans, Nathan Sears, lui, venait d’être nommé titulaire d’un doctorat en sciences politiques à l’Université de Toronto lorsque le brasier l’a emporté, ont rapporté divers médias. Ses réseaux sociaux indiquent également qu’il a travaillé pour le gouvernement fédéral, au sein d’Affaires mondiales Canada, où il avait obtenu une bourse, ainsi qu’au Trudeau Centre for Peace, Conflict and Justice (TCPCJ). Il était aussi passé par l’Université Carleton, où il avait obtenu une maîtrise. « Nous sommes tous atterrés par cette perte », a récemment expliqué au quotidien anglophone Montreal Gazette Steven Bernstein, son directeur de thèse. « Je n’ai jamais rencontré un étudiant qui se soucie autant de ce qu’il a étudié », a-t-il aussi insisté.