Elle avait porté plainte contre son mari quelques mois avant sa mort : Dahia Khellaf, une femme vraisemblablement tuée par son conjoint après une séparation, retrouvée morte en décembre 2019, avait signalé le comportement inquiétant et contrôlant de son conjoint. L’homme avait également tué leurs deux jeunes enfants avant de se donner la mort, une tragédie qui avait engendré une onde de choc à l’époque.

Ce qu’il faut savoir

  • Le début de l’enquête du coroner révèle qu’en août 2018, Dahia Khellaf a porté plainte contre son mari, Nabil Yssaad. Le couple a deux garçons en bas âge et réside alors dans le secteur de Pointe-aux-Trembles, à Montréal.
  • Une ordonnance de la cour qui interdit à Nabil Yssaad de s’approcher de son ex-conjointe ou de communiquer avec elle est imposée en décembre 2019.
  • Quelques jours plus tard, Dahia Khellaf et ses deux enfants sont retrouvés morts dans leur résidence. Nabil Yssaad les aurait tués avant de se donner la mort, à Joliette.

C’est ce qui est ressorti du début de l’enquête publique du coroner portant sur ce triple meurtre. Une enquête avait été demandée en mai 2023 pour préciser les circonstances des décès.

Rappelons qu’en décembre 2019, Dahia Khellaf et ses enfants Adam, 4 ans, et Aksil, 2 ans, avaient été retrouvés morts dans leur domicile de Pointe-aux-Trembles, à Montréal.

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C’est vraisemblablement Nabil Yssaad, le conjoint de la mère de famille et père des deux garçons, qui aurait commis ce triple meurtre. L’homme de 46 ans s’était ensuite donné la mort en se jetant du sixième étage du département psychiatrique d’un hôpital de Joliette sous les yeux des employés. Il n’avait jamais été traité à cet hôpital, selon les informations révélées durant l’enquête.

Triste scène au domicile

C’est après la mort de l’homme que des patrouilleurs se sont rendus au domicile de Mme Khellaf pour l’aviser de la situation.

Or, ils ont découvert une scène d’horreur dans la résidence de Pointe-aux-Trembles : la mère de famille et ses enfants sans vie dans le lit de la chambre principale.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE DAHIA KHELLAF

La victime adulte, Dahia Khellaf

Les trois corps étaient soigneusement placés sur le lit « comme une mise en scène », a expliqué l’agent Olivier Chouinard-Lavigne, patrouilleur au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Il n’y avait pas de trace de bagarre ni de l’arme utilisée. Les policiers n’ont remarqué aucun indice d’entrée par effraction. Le tout laisse penser aux autorités que Nabil Yssaad aurait maquillé la scène pour tenter de cacher son crime. Le coroner Alain Manseau avait conclu dans son rapport que les victimes avaient été étranglées à mort et que Nabil Yssaad était probablement le tueur.

La violence conjugale au cœur du drame

« On va entrer dans la vie très personnelle d’un couple », a expliqué lundi matin la coroner MAndrée Kronström, qui préside l’enquête. Elle a ajouté que Dahia Khellaf avait porté plainte contre son conjoint en août 2018 et aurait demandé de l’aide à des organismes.

Nabil Yssaad a été accusé dans un dossier de violence conjugale à la suite de cette plainte, a indiqué Jonathan Perron, sergent-détective à la Sûreté du Québec (SQ), lors de son témoignage devant la coroner. Il n’avait pas le droit de se présenter au domicile ou sur les lieux de travail de sa conjointe ni de communiquer avec elle, selon une ordonnance rendue le 4 décembre 2019, soit quelques jours avant le triple meurtre.

Dahia Khellaf, 42 ans, et son mari étaient séparés quand la tragédie est survenue, ont confirmé les témoignages de lundi. La femme avait même entamé des procédures de divorce.

L’enquête, qui devrait durer deux semaines, se poursuit demain au palais de justice de Joliette.