Une étudiante brillante. Une amoureuse de théâtre. Une mère de cinq enfants dévouée. Andréane Ouellet était tout cela. Mais elle a sombré au fil des années, victime de violence conjugale. Son bourreau, Alexandre Boudreau-Chartrand, l’a tuée en s’acharnant sur elle. Un meurtre qui devrait lui valoir au moins 15 ans de prison, selon la Couronne.

Ce qu’il faut savoir 

Alexandre Boudreau-Chartrand a été reconnu coupable, le mois dernier, du meurtre au second degré de sa conjointe Andréane Ouellet.

La Couronne réclame une période de 15 ans d’inadmissibilité à la libération conditionnelle en raison du contexte de violence conjugale.

La mère de la victime a rendu hommage à sa fille, une mère dévouée de cinq enfants.

« Tu nous as été arrachée », lâche Nathaly Bherer à la barre des témoins, au palais de justice de Joliette. Solide comme le roc, la mère d’Andréane Ouellet a livré un témoignage bouleversant mardi, lors des observations sur la peine à imposer à Alexandre Boudreau-Chartrand.

L’homme de 38 ans a été reconnu coupable par un jury, le mois dernier, du meurtre au second degré de sa conjointe – mère de leurs cinq enfants – en septembre 2021, dans leur résidence de Saint-Donat. Il écope automatiquement de la prison à vie. Il reste ainsi à déterminer sa période d’inadmissibilité à la libération conditionnelle. La Couronne réclame 15 ans, contre 11 ans pour la défense.

La mère d’Andréane Ouellet a rappelé que sa fille était bien différente avant de rencontrer son bourreau. « Tu avais la vie devant toi », relate-t-elle. La jeune Andréane avait remporté la Bourse du Barreau du Québec et plusieurs concours d’art oratoire comme étudiante en droit, puis en communications.

Tu avais une empathie hors du commun envers les autres. Aidante, généreuse. Comme une mère Teresa, tu voulais sauver le monde.

Nathaly Bherer, mère d’Andréane Ouellet

Ses cinq enfants, Andréane les aimait « inconditionnellement », insiste la grand-mère. Ils étaient « tout » pour elle. « Malheureusement, ta tâche est devenue bien lourde. Tu t’es laissé prendre dans un filet dont tu n’as pu te défaire. Tu souffrais seule en silence », se désole sa mère.

Les grands-parents s’occupent maintenant des cinq jeunes enfants. Un lourd fardeau pour des retraités, obligés de mettre leur deuil « sur pause » pour prendre soin de ces orphelins. Le juge Eric Downs a d’ailleurs tenu à souligner la « force, le courage, la résilience et l’immense bonté » de Nathaly Bherer.

« Je me sens vraiment mal »

C’est avec nonchalance qu’Alexandre Boudreau-Chartrand s’est adressé brièvement à la cour. « Il n’y a pas de mot pour exprimer comment je suis désolé de ce qui est arrivé à Andréane. Je me sens vraiment mal. Je l’aimais. Je n’ai jamais voulu qu’elle meure. Je ne sais pas ce qui est arrivé… Je suis désolé… », a-t-il déclaré.

PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE

Alexandre Boudreau-Chartrand

La preuve est pourtant claire : Alexandre Boudreau-Chartrand s’est acharné sur Andréane Ouellet pour la tuer. Il ne s’agit pas d’un seul coup de poing mortel. Les blessures au visage de la victime étaient si graves que seuls des impacts répétés et d’une grande violence ont pu les causer.

Autre facteur aggravant : le meurtrier n’a pas appelé les secours après le meurtre. Il a même plutôt tenté de faire croire au suicide de sa conjointe. Il ne cessait d’ailleurs de la dépeindre comme une alcoolique suicidaire qui avait avalé des médicaments.

La Couronne retient également comme facteurs aggravants le contexte de violence conjugale et les conséquences pour les victimes.

La défense réplique

Me Élise Pinsonnault, en défense, a insisté sur le fait que son client n’avait pas frappé la victime avant le meurtre. Sans vouloir « diminuer » la victime, l’avocate a avancé qu’Andréane Ouellet – une femme menue – avait eu des comportements « violents » à l’égard de son conjoint.

« La violence verbale était de part et d’autre. C’est ça, le point important », a-t-elle plaidé.

« Il a peut-être eu des comportements répréhensibles. Il était probablement inadéquat. Monsieur a-t-il usé de violence ? A-t-il frappé Madame ? Non. C’est un acte isolé », a fait valoir MPinsonnault, qui fait équipe avec MCatherine Ranalli.

Des déclarations qui ont fait bondir la procureure de la Couronne, MValérie Michaud. « En 2023, la violence psychologique est tout aussi importante », a martelé la procureure, jumelée à MCaroline Buist.

Également, la défense soutient que les risques de récidive du délinquant sont nuls et que les chances de réhabilitation sont « importantes ». Or, selon la Couronne, il n’y a aucune preuve à ce sujet.

Le juge rendra sa décision le 20 novembre.