L’auteur d’un braquage de banque digne d’un scénario hollywoodien en 2016, à Montréal, a été déclaré délinquant dangereux vendredi. Alain Ste-Marie, un multirécidiviste, risque de ne jamais sortir de prison, puisqu’il a été condamné à une peine à durée indéterminée.

« Cette mesure est essentielle pour protéger la société et d’éventuelles victimes des risques préjudiciables que pose l’irréductibilité du comportement impulsif et violent de l’accusé », a conclu le juge de la Cour supérieure Mario Longpré vendredi au centre judiciaire Gouin.

L’affaire avait fait grand bruit en septembre 2016. Alain Ste-Marie et sa conjointe avaient braqué en plein jour une banque de la rue Bernard, dans l’arrondissement d’Outremont. Pendant qu’il dérobait la banque, sa complice faisait le guet, armée. Ils avaient ensuite sauté dans un taxi.

Les policiers à ses trousses, Alain Ste-Marie avait éjecté le chauffeur du taxi, puis avait pris le volant, avant de provoquer un accident sur la rue Saint-Urbain. La tension était à son zénith lorsqu’un policier tenait en joue Ste-Marie avec son pistolet à seulement quelques pieds.

Néanmoins, le braqueur a réussi à s’enfuir par une ruelle, puis à s’échapper des policiers, malgré l’immense périmètre de sécurité dans le Mile-End. Pendant qu’il se terrait dans un appartement, le criminel a fait une erreur fatidique : boire une boisson gazeuse et une bouteille de rhum pour passer le temps. Son ADN y a été retrouvé.

Déclaré coupable à son premier procès, Alain Ste-Marie avait réussi à obtenir un nouveau procès, puisque la juge avait omis sa demande d’être jugé devant jury. En 2020, il avait été reconnu coupable pour de bon par un jury au terme de son second procès.

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Alain Ste-Marie (photographié ici en 2007)

Trois ans de procédures

Les procédures ont ensuite traîné pendant trois ans sur pas moins de 48 séances de cour. Alain Ste-Marie a alors tenté d’obtenir une peine réduite en citant les délais postérieurs au verdict. Alain Ste-Marie, qui se représentait principalement seul, a déposé un nombre « impressionnant » de requêtes écrites.

« L’accusé est le principal artisan des délais encourus », conclut le juge.

Alain Ste-Marie, 52 ans, est un criminel de carrière : il a été condamné pour 107 chefs d’accusation distincts, dont pour 12 chefs de vol qualifié. Son risque de récidive violente est élevé, selon les experts, qui évoquent son trouble de la personnalité et son absence de remords.

« La répétition d’actes violents par l’accusé tend à démontrer le caractère irréductible de son comportement violent et l’indifférence marquée quant aux conséquences raisonnablement prévisibles que ses actes peuvent avoir sur les victimes, augmentant le risque élevé de récidive préjudiciable », analyse le juge Longpré.

Les procureurs MPhilippe Vallières-Roland et MKhalid A. Alguima ont piloté le dossier pour le ministère public.