Ali Ngarukiye, accusé de la tentative de meurtre du policier Sanjay Vig survenue il y a deux ans, n’aurait pas agi « sous l’impulsion ». Il aurait tout planifié quelques jours avant le crime en volant deux voitures placées à des endroits stratégiques, a affirmé la Couronne vendredi.

Le procès d’Ali Ngarukiye s’est poursuivi au palais de justice de Montréal devant le juge François Dadour avec la déclaration d’ouverture de la procureure de la Couronne Jasmine Guillaume.

L’homme de 23 ans notamment accusé de tentative de meurtre aurait immédiatement fui la scène du crime après avoir tiré en direction de la victime le 28 janvier 2021. Il aurait ensuite volé deux véhicules, puis se serait dirigé vers l’Ontario. « L’accusé n’a pas agi de façon impulsive. Il a stratégiquement volé des véhicules pour s’enfuir en Ontario », a déclaré MGuillaume.

PHOTO FOURNIE, ARCHIVES LA PRESSE

Ali Ngarukiye

L’agent Sanjay Vig a été attaqué alors qu’il effectuait une opération ciblée de sécurité routière dans le secteur de Parc-Extension. Il a reçu plusieurs coups avec une barre de métal, selon la version des faits présentée par la Couronne. Son agresseur a ensuite désarmé le policier, pour ensuite tirer avec le pistolet de l’agent du SPVM.

Ce dernier avait intercepté plus tôt dans la journée Mamadi Camara, un homme dans la trentaine. Il lui avait remis un constat d’infraction pour avoir utilisé son téléphone au volant, a poursuivi la procureure.

M. Camara a ensuite été arrêté à tort en lien avec l’attaque, avant d’être innocenté quelques jours plus tard.

La victime a identifié son agresseur comme la dernière personne qu’il avait interceptée. « C’était une erreur de bonne foi », a expliqué MGuillaume.

« Vous allez constater la ressemblance frappante entre M. Camara et l’accusé, a souligné MGuillaume au jury. Ce n’est pas le procès de l’agent Sanjay Vig. Il est une victime. »

Un appel à l’aide

L’agent Pierre-Luc Tardif était à l’époque patrouilleur au SPVM dans le secteur de Parc-Extension. Il a raconté au jury avoir entendu sur les ondes radio l’appel à l’aide de la victime.

« J’entends l’agent Vig crier sur les ondes radio. C’était un 10-07, un code radio demandant de l’assistance urgente de la part d’un policier. »

Lui et son partenaire de patrouille ont filé vers l’endroit où s’était réfugié leur collègue, un appartement de l’avenue de l’Épée.

C’est un code qu’on n’entend pas beaucoup, donc quand on l’entend, c’est très sérieux.

Pierre-Luc Tardif, agent du SPVM

Il trouve alors Sanjay Vig, qu’il côtoie régulièrement au travail. Il est étendu sur le sol, couvert de sang, décrit le témoin. Il a de grosses lésions à la tête. « Il a fait mention qu’il voyait des étoiles », a poursuivi le témoin.

L’agent Vig est alors conscient et donne des informations sur le suspect de l’agression. « Il mentionne que c’est un homme de race noire, que ce serait un conducteur Uber et qu’il s’agit du dernier contrevenant auquel il a émis un constat », a raconté l’agent Tardif.

C’est finalement Ali Ngarukiye qui a été arrêté à Toronto le 26 mars 2021.

Défendu par MSharon Sandiford et MMoana Franco, il est également accusé de voies de fait graves, d’avoir désarmé un policier et de vol de voiture.

Son procès doit durer trois mois. Mamadi Camara témoignera la semaine prochaine et l’agent Sanjay Vig donnera sa version des faits au jury dans les prochaines semaines.